La justice impériale
Avec l’inculpation de Mouammar Kadhafi et l’arrestation du Serbe Ratko Mladic, les tribunaux internationaux se sont trouvés à nouveau placés au centre de l’actualité.
Créée le 1er juillet 2002, la Cour pénale internationale (CPI) est une juridiction permanente compétente pour statuer sur les crimes de guerre, génocides et crimes contre l'humanité.
Quant aux Tribunaux pénaux internationaux (TPI), créés sur seule décision du Conseil de sécurité de l’ONU, ils ont vocation à traiter, durant un temps limité, de faits relevant d’un conflit particulier. Il existe actuellement deux tribunaux internationaux, l’un pour l’ex-Yougoslavie, l’autre pour le Cambodge.
Mais, remarque l’avocat Jacques Vergès, « un tribunal international qui intervient dans des conditions politiques dramatiques est toujours organisé par le vainqueur contre le vaincu, par le plus fort contre le plus faible ; et le plus fort n’a pas toujours raison, et le vaincu n’a pas toujours tort ».
PAYEURS, DONC DECIDEURS...
Bien que 114 Etats en soient partie prenante, financièrement, la CPI est dépendante des principaux pays capitalistes « avancés ». La seule contribution de l'Allemagne, du Canada, de la France, du Japon et de la Grande-Bretagne représente 54% du budget de la CPI (103 millions d'euros).
Tout naturellement, ces mêmes puissances sont surreprésentées parmi les administrateurs de l'institution : sur 318 postes, 196 (soit 61%) sont occupés par des nationaux d'Europe occidentale, du Canada, des Etats-Unis, de Nouvelle-Zélande et d'Australie. [1]
Lorsque le TPI pour l’ex-Yougoslavie a été créé, le représentant de l’OTAN a déclaré : « Nous sommes le principal financier de ce tribunal ». Jacques Vergès commente : « Il en parlait comme le patron d’une multinationale parle de l’une de ses succursales ».
Il faut savoir également que parmi les donateurs privés contribuant à ce dernier tribunal figure le spéculateur et milliardaire Georges Soros, par ailleurs, condamné pour malversation financière !
UNE PROCEDURE SUR MESURE
Dans la plupart des pays, le Code de procédure pénale appliqué par les juges est élaboré par le pouvoir politique. Dans les tribunaux internationaux, ce sont les juges qui décident eux-mêmes de leur procédure. Durant le procès de Milosevic à La Haye, ils l’ont modifié VINGT-DEUX fois pour qu’elle s’adapte à leur convenance.
Autre « innovation » judiciaire : la notion « d’entreprise criminelle commune » qui permet d’inculper le membre d’un gouvernement auquel est imputé des crimes sans établir la responsabilité personnelle de l’intéressé. Même le tribunal de Nuremberg s’était refusé à appliquer une telle notion aux dirigeants nazis. Ainsi, Hjalmar Schacht, le ministre des Finances de Hitler, a été acquitté, le tribunal ayant estimé qu’il n’était pas informé des sévices infligés dans les camps.
UNE JUSTICE PRO-OCCIDENTALE
Après qu’ait été créée la CPI, l’armée israélienne a pu commettre des crimes contre des civils palestiniens et l’armée américaine perpétrer des tortures et des meurtres de civils en Irak et en Afghanistan sans que les dirigeants de ces deux pays ne soient jamais poursuivis. [2]
La raison en est que ni Israël ni les Etats-Unis n’ont ratifié le traité d’adhésion à la CPI. De ce fait, ses responsables civils et militaires ne peuvent être poursuivis qu’après un vote préalable du Conseil de sécurité des Nations unies (impossible à obtenir avec le véto des Etats-Unis).
Noam Chomsky a aussi souligné la partialité du tribunal pour le Cambodge : « Un procès international qui ne prendrait pas en compte Henri Kissinger ou les autres responsables des bombardements américains ou le soutien [américain] aux Khmers rouges quand ils ont été chassés du Cambodge [...] serait une farce ».
UNE JUSTICE RACIALE
Depuis sa création, la CPI n'a entamé de procédures que CONTRE DES PAYS AFRICAINS (Ouganda, République Démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan et Kenya) auxquels il faut ajouter maintenant la Libye, premier pays arabe à être poursuivi.
Une vingtaine de mandats d’arrêt ont été émis par l’institution TOUS concernant des ressortissants africains. Et, le premier procès de la CPI, commencé le 26 janvier 2009, a été celui du Congolais Thomas Lubanga.
La réponse est claire : c’est l’impérialisme occidental qui est à la manœuvre. La CPI, telle que nous la connaissons, est son bras judiciaire tout comme l’OTAN est son bras armé.
JPD
[1] La France peut disposer de 45 administrateurs alors que le Brésil doit se contenter d’un seul ! Quant aux Etats-Unis qui n’ont pourtant pas ratifié leur adhésion à la CPI, ils disposent quand même du privilège inexplicable d’avoir 11 administrateurs.
[2] Aux Etats-Unis, la torture a même été officialisée par des directives du ministère de la Justice à l’attention de la CIA expliquant comment « interroger » les suspects : supplice de la baignoire, privation de sommeil, assourdissement avec de la musique appliquée sur les oreilles pendant des heures, etc.
Créée le 1er juillet 2002, la Cour pénale internationale (CPI) est une juridiction permanente compétente pour statuer sur les crimes de guerre, génocides et crimes contre l'humanité.
Quant aux Tribunaux pénaux internationaux (TPI), créés sur seule décision du Conseil de sécurité de l’ONU, ils ont vocation à traiter, durant un temps limité, de faits relevant d’un conflit particulier. Il existe actuellement deux tribunaux internationaux, l’un pour l’ex-Yougoslavie, l’autre pour le Cambodge.
Mais, remarque l’avocat Jacques Vergès, « un tribunal international qui intervient dans des conditions politiques dramatiques est toujours organisé par le vainqueur contre le vaincu, par le plus fort contre le plus faible ; et le plus fort n’a pas toujours raison, et le vaincu n’a pas toujours tort ».
PAYEURS, DONC DECIDEURS...
Bien que 114 Etats en soient partie prenante, financièrement, la CPI est dépendante des principaux pays capitalistes « avancés ». La seule contribution de l'Allemagne, du Canada, de la France, du Japon et de la Grande-Bretagne représente 54% du budget de la CPI (103 millions d'euros).
Tout naturellement, ces mêmes puissances sont surreprésentées parmi les administrateurs de l'institution : sur 318 postes, 196 (soit 61%) sont occupés par des nationaux d'Europe occidentale, du Canada, des Etats-Unis, de Nouvelle-Zélande et d'Australie. [1]
Lorsque le TPI pour l’ex-Yougoslavie a été créé, le représentant de l’OTAN a déclaré : « Nous sommes le principal financier de ce tribunal ». Jacques Vergès commente : « Il en parlait comme le patron d’une multinationale parle de l’une de ses succursales ».
Il faut savoir également que parmi les donateurs privés contribuant à ce dernier tribunal figure le spéculateur et milliardaire Georges Soros, par ailleurs, condamné pour malversation financière !
UNE PROCEDURE SUR MESURE
Dans la plupart des pays, le Code de procédure pénale appliqué par les juges est élaboré par le pouvoir politique. Dans les tribunaux internationaux, ce sont les juges qui décident eux-mêmes de leur procédure. Durant le procès de Milosevic à La Haye, ils l’ont modifié VINGT-DEUX fois pour qu’elle s’adapte à leur convenance.
Autre « innovation » judiciaire : la notion « d’entreprise criminelle commune » qui permet d’inculper le membre d’un gouvernement auquel est imputé des crimes sans établir la responsabilité personnelle de l’intéressé. Même le tribunal de Nuremberg s’était refusé à appliquer une telle notion aux dirigeants nazis. Ainsi, Hjalmar Schacht, le ministre des Finances de Hitler, a été acquitté, le tribunal ayant estimé qu’il n’était pas informé des sévices infligés dans les camps.
UNE JUSTICE PRO-OCCIDENTALE
Après qu’ait été créée la CPI, l’armée israélienne a pu commettre des crimes contre des civils palestiniens et l’armée américaine perpétrer des tortures et des meurtres de civils en Irak et en Afghanistan sans que les dirigeants de ces deux pays ne soient jamais poursuivis. [2]
La raison en est que ni Israël ni les Etats-Unis n’ont ratifié le traité d’adhésion à la CPI. De ce fait, ses responsables civils et militaires ne peuvent être poursuivis qu’après un vote préalable du Conseil de sécurité des Nations unies (impossible à obtenir avec le véto des Etats-Unis).
Noam Chomsky a aussi souligné la partialité du tribunal pour le Cambodge : « Un procès international qui ne prendrait pas en compte Henri Kissinger ou les autres responsables des bombardements américains ou le soutien [américain] aux Khmers rouges quand ils ont été chassés du Cambodge [...] serait une farce ».
UNE JUSTICE RACIALE
Depuis sa création, la CPI n'a entamé de procédures que CONTRE DES PAYS AFRICAINS (Ouganda, République Démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan et Kenya) auxquels il faut ajouter maintenant la Libye, premier pays arabe à être poursuivi.
Une vingtaine de mandats d’arrêt ont été émis par l’institution TOUS concernant des ressortissants africains. Et, le premier procès de la CPI, commencé le 26 janvier 2009, a été celui du Congolais Thomas Lubanga.
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Jacques Vergès interroge : « Qui sont donc ces gens qui se cachent derrière les tribunaux internationaux et dictent leur conduite à des juges prêts à faire condamner des innocents, au mépris des droits de l’homme et de la dignité humaine ? »La réponse est claire : c’est l’impérialisme occidental qui est à la manœuvre. La CPI, telle que nous la connaissons, est son bras judiciaire tout comme l’OTAN est son bras armé.
JPD
[1] La France peut disposer de 45 administrateurs alors que le Brésil doit se contenter d’un seul ! Quant aux Etats-Unis qui n’ont pourtant pas ratifié leur adhésion à la CPI, ils disposent quand même du privilège inexplicable d’avoir 11 administrateurs.
[2] Aux Etats-Unis, la torture a même été officialisée par des directives du ministère de la Justice à l’attention de la CIA expliquant comment « interroger » les suspects : supplice de la baignoire, privation de sommeil, assourdissement avec de la musique appliquée sur les oreilles pendant des heures, etc.
27/05/2011
1871 : La "Commune kabyle"
Chaque année, le dernier dimanche de mai, il est de tradition de glorifier le souvenir de la Commune de Paris de 1871 par la « montée au mur des Fédérés » à l'intérieur du cimetière du Père Lachaise, à Paris. C’est à cet endroit qu’ont été fusillés les derniers combattants au terme d’une semaine de massacres qui ont fait plus de 20.000 morts.
La Commune de Paris et sa fin sanglante sont pratiquement occultées de l’Histoire officielle. Sans doute est-il jugé contre-productif de rappeler qu’un gouvernement issu d’élections démocratiques peut être capable d’horreurs qui n’ont rien à envier à celles d’un régime tyrannique.
Il est une autre censure historique, elle concerne un autre soulèvement qui - au même moment - s’est produit dans les montagnes de Kabylie en Algérie et que certains historiens désignent comme la « Commune kabyle ».
En Kabylie, il faudra plusieurs campagnes militaires pour qu'en 1857 s'instaure un semblant de « pacification ». Toutefois, la résignation des Kabyles est bien fragile, au point que, le 12 juin 1869, le maréchal Mac-Mahon alerte le gouvernement : « Les Kabyles resteront tranquilles aussi longtemps qu’ils ne verront pas la possibilité de nous chasser de leur pays ! ».
L’occasion se présente en mars 1871 : à la faveur de l’instabilité qui règne en France, après la défaite qui a mis fin à la guerre contre la Prusse, les confédérations de tribus kabyles déclenchent une insurrection.
Elle est conduite par Mohamed El Mokrani qui reçoit le soutien d’un chef religieux, cheikh El Haddad. Le mouvement s’étend rapidement aux trois quarts du pays et mobilise environ 200.000 combattants.
L’amiral de Gueydon, à la tête de l’armée d’Afrique (86.000 hommes) aidée de la Marine et de colons miliciens, dirige une répression impitoyable. Au-delà des insurgés, c’est toute la population qui est prise pour cible. Des villages entiers sont détruits, des familles décimées ou expulsées de leurs villages.
Quand Mohamed El Mokrani est tué au combat le 5 mai 1871, son frère Boumezrag prend le commandement. La lutte contre le colonisateur se poursuit jusqu’en janvier 1872. Confrontés à un armement supérieur, les insurgés Kabyles sont alors militairement vaincus.
« La répression fut terrible, et, pour beaucoup, hors de proportion avec la culpabilité », écrit un contemporain. [1]
Arrêtés, les chefs du mouvement sont jugés comme « malfaiteurs » et condamnés à la déportation dans les bagnes de la Nouvelle-Calédonie où se trouvent déjà les vaincus de la Commune de Paris, telle Louise Michel.
Par ailleurs, l'administration coloniale confisque près de 50.000 hectares de terre à la Kabylie et lui inflige une amende, considérable à l'époque, de 36 millions de francs.
JPD
[1] Louis Rinn, Histoire de l’insurrection de 1871 en Algérie. L’auteur était conseiller de gouvernement, vice-président de la société historique d’Alger et ancien chef du service central des Indigènes.
La Commune de Paris et sa fin sanglante sont pratiquement occultées de l’Histoire officielle. Sans doute est-il jugé contre-productif de rappeler qu’un gouvernement issu d’élections démocratiques peut être capable d’horreurs qui n’ont rien à envier à celles d’un régime tyrannique.
Il est une autre censure historique, elle concerne un autre soulèvement qui - au même moment - s’est produit dans les montagnes de Kabylie en Algérie et que certains historiens désignent comme la « Commune kabyle ».
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Commencée en 1830, la conquête coloniale de l’Algérie a duré plus d'une quarantaine d'années, pendant lesquelles l'armée française s'est livrée à des massacres de masse.
En Kabylie, il faudra plusieurs campagnes militaires pour qu'en 1857 s'instaure un semblant de « pacification ». Toutefois, la résignation des Kabyles est bien fragile, au point que, le 12 juin 1869, le maréchal Mac-Mahon alerte le gouvernement : « Les Kabyles resteront tranquilles aussi longtemps qu’ils ne verront pas la possibilité de nous chasser de leur pays ! ».
L’occasion se présente en mars 1871 : à la faveur de l’instabilité qui règne en France, après la défaite qui a mis fin à la guerre contre la Prusse, les confédérations de tribus kabyles déclenchent une insurrection.
Elle est conduite par Mohamed El Mokrani qui reçoit le soutien d’un chef religieux, cheikh El Haddad. Le mouvement s’étend rapidement aux trois quarts du pays et mobilise environ 200.000 combattants.
L’amiral de Gueydon, à la tête de l’armée d’Afrique (86.000 hommes) aidée de la Marine et de colons miliciens, dirige une répression impitoyable. Au-delà des insurgés, c’est toute la population qui est prise pour cible. Des villages entiers sont détruits, des familles décimées ou expulsées de leurs villages.
Quand Mohamed El Mokrani est tué au combat le 5 mai 1871, son frère Boumezrag prend le commandement. La lutte contre le colonisateur se poursuit jusqu’en janvier 1872. Confrontés à un armement supérieur, les insurgés Kabyles sont alors militairement vaincus.
« La répression fut terrible, et, pour beaucoup, hors de proportion avec la culpabilité », écrit un contemporain. [1]
Arrêtés, les chefs du mouvement sont jugés comme « malfaiteurs » et condamnés à la déportation dans les bagnes de la Nouvelle-Calédonie où se trouvent déjà les vaincus de la Commune de Paris, telle Louise Michel.
Par ailleurs, l'administration coloniale confisque près de 50.000 hectares de terre à la Kabylie et lui inflige une amende, considérable à l'époque, de 36 millions de francs.
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Question : Pourquoi le mouvement ouvrier français n’a-t-il pas su associer dans un même hommage les Communards parisiens aux insurgés kabyles victimes des mêmes bourreaux ?JPD
[1] Louis Rinn, Histoire de l’insurrection de 1871 en Algérie. L’auteur était conseiller de gouvernement, vice-président de la société historique d’Alger et ancien chef du service central des Indigènes.
23/05/2011
"L’image de la France"
L’affaire Dominique Strauss-Kahn a envahi la vie publique française au point d’occulter d’autres faits beaucoup plus importants de l’actualité nationale et internationale. Si personne ne peut être indifférent au dénouement du procès en cours - compte tenu de la personnalité de l'inculpé et des accusations portées contre lui - il n’en reste pas moins que, sur le fond, nous sommes en présence d’une affaire judiciaire semblable à tant d’autres.
Les commentaires auxquels se sont livrés certains politiciens n'en sont que plus surprenants.
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie : « En plus de la victime présumée, la femme de chambre, il y a une victime avérée, c'est la France ».
Bernard Debré, député UMP : « C'est humilier la France que d'avoir un homme, comme lui, qui se vautre dans le sexe ».
Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale : DSK n’incarne pas « l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ».
Quant aux lecteurs du site Internet du Figaro, ils sont près des trois-quarts à considérer que l'affaire Strauss-Kahn a « terni l’image de la France ». [1]
L’IMAGE DE LA FRANCE ?
Pour autant qu’on puisse penser qu’il existe une « image de la France » qui serait à préserver, ce n’est pas dans les démêlés de cette affaire judiciaire qu’elle est en jeu.
Ce qui ternit « l’image de la France » c’est sa politique d’ingérence systématique dans les affaires intérieures des pays africains, ses bases et ses expéditions militaires dans ces mêmes pays, sa participation aux multiples agressions occidentales (Yougoslavie, Irak, Afghanistan,…), sa prétention à entretenir une présence coloniale aux Comores, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, aux Antilles, etc.
Au même moment où les médias continuaient d’entretenir le feuilleton « affaire DSK », Sarkozy était à Yamoussoukro, capitale administrative de Côte d’Ivoire, pour l’intronisation à la présidence de la République de son complice Alassane Ouattara .
Or, rien ne pourra effacer cette réalité : si Ouattara est là où il est aujourd’hui, il le doit à l’armée française, à ses légionnaires, à ses hélicoptères, à ses missiles et à ses engins blindés.
Mais, pour beaucoup d’Ivoiriens en fait de démocratie c’est la chasse aux sorcières et les exécutions sommaires qu’ils connaissent. Les bandes armées d’Ouattara - pompeusement dénommées « Forces républicaines » - se sont rendues coupables de massacres ethniques dans la ville de Duékoué, et ont poursuivi leurs exactions dans certains quartiers d’Abidjan.
C’est ce qui explique, sans doute, la satisfaction des hommes d’affaires français. L’un d’entre eux n'a-t-il pas déclaré : « Être français en Côte d'Ivoire est de nouveau facile. Il y a comme un parfum des fastueuses années 1970. De toute façon l'armée française restera ici. C'est cher, sans doute. Mais ce que le France a perdu d'une main, elle le regagnera largement de l'autre ». [2]
Politiciens, affairistes et journalistes serviles - si prompts à s’inquiéter de « l’image de la France » - seraient plus crédibles s'ils n'oubliaient aussi facilement les basses œuvres sanglantes de l’impérialisme français - celles d’hier et celles d’aujourd’hui.
JPD
[1] A la question : « L'affaire Strauss-Kahn ternit-elle l'image de la France ? », 75.443 réponses ont donné 72,48% de OUI et 27,52% de NON.
[2] Le Figaro, 20 mai 2011.
Les commentaires auxquels se sont livrés certains politiciens n'en sont que plus surprenants.
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie : « En plus de la victime présumée, la femme de chambre, il y a une victime avérée, c'est la France ».
Bernard Debré, député UMP : « C'est humilier la France que d'avoir un homme, comme lui, qui se vautre dans le sexe ».
Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale : DSK n’incarne pas « l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ».
Quant aux lecteurs du site Internet du Figaro, ils sont près des trois-quarts à considérer que l'affaire Strauss-Kahn a « terni l’image de la France ». [1]
L’IMAGE DE LA FRANCE ?
Pour autant qu’on puisse penser qu’il existe une « image de la France » qui serait à préserver, ce n’est pas dans les démêlés de cette affaire judiciaire qu’elle est en jeu.
Ce qui ternit « l’image de la France » c’est sa politique d’ingérence systématique dans les affaires intérieures des pays africains, ses bases et ses expéditions militaires dans ces mêmes pays, sa participation aux multiples agressions occidentales (Yougoslavie, Irak, Afghanistan,…), sa prétention à entretenir une présence coloniale aux Comores, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, aux Antilles, etc.
Au même moment où les médias continuaient d’entretenir le feuilleton « affaire DSK », Sarkozy était à Yamoussoukro, capitale administrative de Côte d’Ivoire, pour l’intronisation à la présidence de la République de son complice Alassane Ouattara .
Or, rien ne pourra effacer cette réalité : si Ouattara est là où il est aujourd’hui, il le doit à l’armée française, à ses légionnaires, à ses hélicoptères, à ses missiles et à ses engins blindés.
Sarkozy aux côtés d'Ouattara : Une « image de la France » détestable
A sa descente d’avion Sarkozy a déclaré : « C'est important d'être ici, en Côte d'Ivoire, à côté du président Ouattara pour la démocratie et pour l'Afrique ».Mais, pour beaucoup d’Ivoiriens en fait de démocratie c’est la chasse aux sorcières et les exécutions sommaires qu’ils connaissent. Les bandes armées d’Ouattara - pompeusement dénommées « Forces républicaines » - se sont rendues coupables de massacres ethniques dans la ville de Duékoué, et ont poursuivi leurs exactions dans certains quartiers d’Abidjan.
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Pour Jean Ziegler, président du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, « Ouattara est un personnage qui, pour le grand capital néocolonial dans cette région du monde, a fait ses preuves ».C’est ce qui explique, sans doute, la satisfaction des hommes d’affaires français. L’un d’entre eux n'a-t-il pas déclaré : « Être français en Côte d'Ivoire est de nouveau facile. Il y a comme un parfum des fastueuses années 1970. De toute façon l'armée française restera ici. C'est cher, sans doute. Mais ce que le France a perdu d'une main, elle le regagnera largement de l'autre ». [2]
Politiciens, affairistes et journalistes serviles - si prompts à s’inquiéter de « l’image de la France » - seraient plus crédibles s'ils n'oubliaient aussi facilement les basses œuvres sanglantes de l’impérialisme français - celles d’hier et celles d’aujourd’hui.
JPD
[1] A la question : « L'affaire Strauss-Kahn ternit-elle l'image de la France ? », 75.443 réponses ont donné 72,48% de OUI et 27,52% de NON.
[2] Le Figaro, 20 mai 2011.
16/05/2011
Guerres impérialistes et consentement populaire
Durant ce dernier siècle et demi, chaque fois que l'Etat a engagé le pays et sa jeunesse dans des aventures militaires extérieures, la majorité du peuple français a soutenu de ses votes les politiciens qui en ont été les responsables.
La grande majorité de la population a cru au mensonge de la « mission civilisatrice » de la République destiné à justifier les guerres de conquête de nouveaux territoires en Afrique et en Asie. Elle a choisi d’ignorer les crimes monstrueux de son armée.
Plus récemment, la grande majorité de la population française a accepté la participation de la France aux coalitions militaires dirigées par les Etats-Unis, en Irak en 1990, et en Yougoslavie en 1999. [1]
Aujourd'hui encore, la grande majorité de la population n'est pas indignée outre mesure de la présence de troupes françaises en Afghanistan pour une mission ayant plus à voir avec le contrôle stratégique de la région et de ses ressources en pétrole qu'avec les raisons humanitaires affichées. [2]
Cette constatation vaudrait-elle également pour la majorité des Français ?
Expliquerait-elle leur indifférence voire leur soutien aux aventures impérialistes de leur pays, seul ou dans le cadre des coalitions occidentales ?
JPD
[1] Sans mandat de l’ONU, cette intervention de six semaines a vu l'Armée de l'air française engagée dans 20% des opérations et 12% des attaques aériennes (soit, au total, 16.000 missiles et roquettes sur près de 2.000 cibles). Cela n’a pas empêché Lionel Jospin, Premier ministre de l’époque, d’affirmer qu’il ne s’agissait pas d’une guerre, mais juste de « frappes menées au nom du droit ».
[2] Le Parlement n’été autorisé à se prononcer sur cet engagement qu'en septembre 2008, soit sept ans après le départ des premières troupes pour l'Afghanistan. François Fillon a défendu cette mise à l'écart du Parlement en alléguant qu'il ne s'agissait que d'une « opération de maintien de la paix qui n'avait rien à voir avec une déclaration de guerre ».
[3] Arno J. Meyer, professeur émérite d'Histoire à l'université de Princeton, Le Monde diplomatique, septembre 2008.
La grande majorité de la population a cru au mensonge de la « mission civilisatrice » de la République destiné à justifier les guerres de conquête de nouveaux territoires en Afrique et en Asie. Elle a choisi d’ignorer les crimes monstrueux de son armée.
Elle a applaudi à la constitution d’un empire colonial propre à faire vibrer sa fibre patriotique. Elle s’est complu de l’exotisme de pacotille, et de ses connotations racistes, distillé au travers des expositions coloniales, du cinéma, de la chanson, de la publicité...
Films, chansons, publicité... le racisme au quotidien
Entre 1946 et 1962, quand les peuples colonisés se sont levés pour leur indépendance, la grande majorité de la population ne s'est pas opposée aux guerres impitoyables de son armée, notamment au Vietnam et en Algérie.Plus récemment, la grande majorité de la population française a accepté la participation de la France aux coalitions militaires dirigées par les Etats-Unis, en Irak en 1990, et en Yougoslavie en 1999. [1]
Aujourd'hui encore, la grande majorité de la population n'est pas indignée outre mesure de la présence de troupes françaises en Afghanistan pour une mission ayant plus à voir avec le contrôle stratégique de la région et de ses ressources en pétrole qu'avec les raisons humanitaires affichées. [2]
Afghanistan : Une armée d'occupation...
Quant à la complaisance qui accompagne la décision de notre gouvernement de bombarder la Libye et d'appuyer les bandes armées d'un des prétendants au pouvoir en Côte d'Ivoire, elle est aussi scandaleuse que consternante.Hôpital de Mizdah (Libye) après un bombardement de l'OTAN
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Évoquant l'hégémonie planétaire de son pays, l'historien américain Arno J. Meyer écrit : « La plupart des Américains estiment qu'ils ont tout à gagner à conserver leur position dominante. Bien sûr, certaines couches sociales sont plus avantagées que d'autres. Mais, dans l'ensemble, l'empire leur profite sur les plans économique, culturel et psychologique ». [3]Cette constatation vaudrait-elle également pour la majorité des Français ?
Expliquerait-elle leur indifférence voire leur soutien aux aventures impérialistes de leur pays, seul ou dans le cadre des coalitions occidentales ?
JPD
[1] Sans mandat de l’ONU, cette intervention de six semaines a vu l'Armée de l'air française engagée dans 20% des opérations et 12% des attaques aériennes (soit, au total, 16.000 missiles et roquettes sur près de 2.000 cibles). Cela n’a pas empêché Lionel Jospin, Premier ministre de l’époque, d’affirmer qu’il ne s’agissait pas d’une guerre, mais juste de « frappes menées au nom du droit ».
[2] Le Parlement n’été autorisé à se prononcer sur cet engagement qu'en septembre 2008, soit sept ans après le départ des premières troupes pour l'Afghanistan. François Fillon a défendu cette mise à l'écart du Parlement en alléguant qu'il ne s'agissait que d'une « opération de maintien de la paix qui n'avait rien à voir avec une déclaration de guerre ».
[3] Arno J. Meyer, professeur émérite d'Histoire à l'université de Princeton, Le Monde diplomatique, septembre 2008.
12/05/2011
Mayotte : Une annexion illégale et meurtrière
La France a fait main basse sur Mayotte une des quatre îles des Comores dans l’Océan Indien alors que l'archipel ne forme qu’un seul Etat (Résolution de l'ONU n°3385 du 12 novembre 1975). [1]
Le 21 octobre 1976, une autre résolution de l’ONU a condamné cette annexion en ces termes : « Considérant que l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’Etat comorien [...] condamne énergiquement, la présence française à Mayotte, qui constitue, une violation de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores ».
Quel intérêt représente donc pour la France cette île de 350 km2 dont les 186.000 habitants parlent à plus de 70% le mahorais ou shimaroé (langue bantoue) que le français et sont à 95% musulmans ?
A l’évidence, il s’agit moins de mettre la main sur des richesses naturelles que de disposer d’une position stratégique sur le canal de Mozambique. Une manière pour l’impérialisme français de s’affirmer parmi ses alliés et concurrents occidentaux, et de continuer à jouer un rôle dans la cour des grands.
CHANTAGE ET SEDUCTION
Afin de convaincre les Mahorais qu'ils avaient tout intérêt à devenir Français, l'Etat leur a accordé des aides sociales et médico-sociales qui - sans être comparables à celles de la métropole - tranchent avec les conditions de vie des autres îles de l'archipel des Comores. Ce sont des centaines de millions d’euros qui ont été pris sur le budget national (639 millions d’euros rien qu’en 2009) pour conduire cette opération de séduction.
Le résultat est là : en 2005/2006, le montant du revenu annuel moyen d’un ménage mahorais atteignait 9.337 euros alors que pour les autres habitants des Comores ce même revenu n’était que d'environ 660 dollars. Même avec un taux de chômage de 26% et avec 20% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, les Mahorais sont gagnants.
C'est dans ces conditions que 95,2% des Mahorais qui se sont exprimés ont choisi le rattachement de leur île à la France lors du référendum « d’autodétermination » de 2009. La manipulation s’est achevée, le 1er avril dernier, en faisant de Mayotte le 101ème département français. [2]
LA FABRICATION DE CLANDESTINS
Mayotte est ainsi devenue un « territoire français » auquel les Comoriens des autres îles n’ont plus libre accès. Alors que les habitants des quatre îles ne forment qu’un seul peuple par la langue, la religion et les liens familiaux. [3]
Pour atteindre son objectif de sécession, la France a enclenché un processus bureaucratique visant à reconnaître les « bons » Mahorais et à imposer aux autres - décrétés Comoriens donc non-Français - l’octroi d’un visa pour séjourner sur Mayotte (le visa Balladur du 18 janvier 1995).
L’obtention de ce visa étant très problématique, depuis 2004, plus de la moitié de la population de l’île - soit 100.000 habitants - a été décrétée « clandestine » et expulsée. Rien qu’en 2010, ils ont été 26.000 à être déportés. [4]
N'en déplaise aux nostalgiques du colonialisme.
JPD
[1] Les trois autres îles sont Anjouan, Moheli et la Grande Comore.
[2] Seuls deux élus du Parti communiste - le député Jean-Paul Lecoq et la sénatrice Éliane Assassi - ont rappelés l’illégalité de cette annexion lors d’un débat au Parlement en mars 2009. Comme au bon vieux temps des guerres coloniales, certains de leurs collègues les ont accusés d’être la « voix de l’étranger ».
[3] Cette situation peut être comparée à celle vécue par les Allemands durant la guerre froide, quand ils se trouvaient séparés par des frontières infranchissables à l’intérieur de leur propre pays.
[4] En attendant leur départ forcé, hommes, femmes, enfants et nourrissons sont détenus dans un Centre de rétention administratif où les conditions d’hébergement sont « indigne de la République » selon la Commission officielle de 2008. Le centre n’a qu’une capacité de 90 places mais jusqu’à plus de 200 personnes peuvent être contraintes de s’y entasser. Le surpeuplement est accompagné d’un délabrement avancé des équipements sanitaires. Nattes et matelas y sont insuffisants. Les détenus n’ont pas la possibilité de téléphoner ou d’être assistés par des avocats comme le prévoit la réglementation.
[5] La traque des policiers français ajoute au danger. Ceux-ci ont longtemps fait naviguer leurs vedettes en dérive tous feux éteints provoquant des collisions avec les kwassas kwassas. Un accident de ce type, survenu en décembre 2007, a fait au moins deux morts, une femme et un bébé.
Le 21 octobre 1976, une autre résolution de l’ONU a condamné cette annexion en ces termes : « Considérant que l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’Etat comorien [...] condamne énergiquement, la présence française à Mayotte, qui constitue, une violation de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores ».
Quel intérêt représente donc pour la France cette île de 350 km2 dont les 186.000 habitants parlent à plus de 70% le mahorais ou shimaroé (langue bantoue) que le français et sont à 95% musulmans ?
A l’évidence, il s’agit moins de mettre la main sur des richesses naturelles que de disposer d’une position stratégique sur le canal de Mozambique. Une manière pour l’impérialisme français de s’affirmer parmi ses alliés et concurrents occidentaux, et de continuer à jouer un rôle dans la cour des grands.
CHANTAGE ET SEDUCTION
Afin de convaincre les Mahorais qu'ils avaient tout intérêt à devenir Français, l'Etat leur a accordé des aides sociales et médico-sociales qui - sans être comparables à celles de la métropole - tranchent avec les conditions de vie des autres îles de l'archipel des Comores. Ce sont des centaines de millions d’euros qui ont été pris sur le budget national (639 millions d’euros rien qu’en 2009) pour conduire cette opération de séduction.
Le résultat est là : en 2005/2006, le montant du revenu annuel moyen d’un ménage mahorais atteignait 9.337 euros alors que pour les autres habitants des Comores ce même revenu n’était que d'environ 660 dollars. Même avec un taux de chômage de 26% et avec 20% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, les Mahorais sont gagnants.
C'est dans ces conditions que 95,2% des Mahorais qui se sont exprimés ont choisi le rattachement de leur île à la France lors du référendum « d’autodétermination » de 2009. La manipulation s’est achevée, le 1er avril dernier, en faisant de Mayotte le 101ème département français. [2]
LA FABRICATION DE CLANDESTINS
Mayotte est ainsi devenue un « territoire français » auquel les Comoriens des autres îles n’ont plus libre accès. Alors que les habitants des quatre îles ne forment qu’un seul peuple par la langue, la religion et les liens familiaux. [3]
Pour atteindre son objectif de sécession, la France a enclenché un processus bureaucratique visant à reconnaître les « bons » Mahorais et à imposer aux autres - décrétés Comoriens donc non-Français - l’octroi d’un visa pour séjourner sur Mayotte (le visa Balladur du 18 janvier 1995).
L’obtention de ce visa étant très problématique, depuis 2004, plus de la moitié de la population de l’île - soit 100.000 habitants - a été décrétée « clandestine » et expulsée. Rien qu’en 2010, ils ont été 26.000 à être déportés. [4]
Une police qui traque des « clandestins » à 8.000 km de son territoire national
Mais, tant l’attrait des avantages dont la France a doté Mayotte que les nécessités de la vie familiale conduisent nombre de Comoriens à tenter de rejoindre l’île. A bord de petits embarcations de fortune - les kwassas kwassas - ils tentent de franchir les 70 km du bras de mer qui sépare les îles Anjouan et Mayotte. C’est une traversée périlleuse où les naufrages sont fréquents. [5]Depuis l’instauration du visa Balladur plusieurs milliers de personnes ont péri noyées (en 2002, un rapport du Sénat chiffrait déjà à 4.000 les nombre des victimes). Ces morts sont une conséquence directe de la politique sécessionniste de la France. La population comorienne les appelle de « morts Balladur ».
Une kwassa kwassa
La « départementalisation » de Mayotte n'est qu'une fiction obtenue par la corruption et maintenue par la force. Que l'Etat français retire son administration, sa police, ses douaniers et ses juges et laisse les Comoriens entre eux. La France n'a aucun droit d'occuper ce territoire. N'en déplaise aux nostalgiques du colonialisme.
JPD
[1] Les trois autres îles sont Anjouan, Moheli et la Grande Comore.
[2] Seuls deux élus du Parti communiste - le député Jean-Paul Lecoq et la sénatrice Éliane Assassi - ont rappelés l’illégalité de cette annexion lors d’un débat au Parlement en mars 2009. Comme au bon vieux temps des guerres coloniales, certains de leurs collègues les ont accusés d’être la « voix de l’étranger ».
[3] Cette situation peut être comparée à celle vécue par les Allemands durant la guerre froide, quand ils se trouvaient séparés par des frontières infranchissables à l’intérieur de leur propre pays.
[4] En attendant leur départ forcé, hommes, femmes, enfants et nourrissons sont détenus dans un Centre de rétention administratif où les conditions d’hébergement sont « indigne de la République » selon la Commission officielle de 2008. Le centre n’a qu’une capacité de 90 places mais jusqu’à plus de 200 personnes peuvent être contraintes de s’y entasser. Le surpeuplement est accompagné d’un délabrement avancé des équipements sanitaires. Nattes et matelas y sont insuffisants. Les détenus n’ont pas la possibilité de téléphoner ou d’être assistés par des avocats comme le prévoit la réglementation.
[5] La traque des policiers français ajoute au danger. Ceux-ci ont longtemps fait naviguer leurs vedettes en dérive tous feux éteints provoquant des collisions avec les kwassas kwassas. Un accident de ce type, survenu en décembre 2007, a fait au moins deux morts, une femme et un bébé.
09/05/2011
Le Parti socialiste et l'impérialisme français
Depuis les lendemains de la Seconde guerre mondiale, le Parti socialiste a été, en toutes circonstances, un des plus sûrs soutiens et protagonistes des aventures militaires de l’impérialisme français.
De 1945 à 1958, les dirigeants du Parti socialiste - notamment Guy Mollet - sont impliqués dans toutes les tentatives de la 4ème République visant à maintenir par la force l’existence d’un empire colonial.
Les répressions et les guerres conduites par la France en Indochine, à Madagascar, au Vietnam, en Algérie, etc. l’ont été en majorité par des gouvernements dirigés ou avec participation du Parti socialiste.
A la même époque, bien que n’étant pas encore adhérent du Parti socialiste, Mitterrand participe à plusieurs de ces gouvernements de va-t’en-guerre. Ce qui l’amène, en novembre 1954, alors qu’il est ministre de l’Intérieur, à déclarer : « L'Algérie, c'est la France » et à se faire un avocat résolu de la répression : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre ».
A la fin des années 1970, afin de séduire « le peuple de gauche » et s'assurer ainsi la conquête du pouvoir, Mitterrand et les autres dirigeants du Parti socialiste ne sont pas avares de promesses, notamment en matière de politique étrangère. [1]
Mais, une fois élu, Mitterrand ne se distingue pas de la politique de ses prédécesseurs.
Ainsi, l'Afrique subsaharienne francophone demeure le domaine réservé du président où continue de prévaloir le soutien inconditionnel aux régimes vassaux de l'impérialisme français, système mafieux connu sous le nom de « Françafrique ». [2]
En août 1983, c’est l'intervention des militaires français au Tchad (opération Manta).
A la fin des années 1980, c’est la répression visant les populations canaques de Nouvelle-Calédonie dans la plus pure tradition coloniale.
De 1990 à 1994, c’est l’ingérence de la France au Rwanda qui conduira directement au génocide où périront plus de 800.000 Tutsis.
De même, en matière de défense, en dépit de ses promesses, Mitterrand ne remet pas en question la dissuasion nucléaire. Et quand, en 1990-1991, les Etats-Unis programment leur entrée en guerre contre l’Irak, il y associe la France et son armée.
En 1997, le Parti socialiste revient au pouvoir avec le gouvernement de la « gauche plurielle » dirigé par Jospin en cohabitation avec Chirac, président.
En mars 1999, c’est la guerre du Kosovo. Chirac décide que l’aviation française bombarderait la Yougoslavie aux côtés des forces de l’OTAN. Jospin est pleinement d’accord et déclare que la France est déterminée à « prendre toute sa part à l’action militaire devenue inévitable ».
En novembre 2001, les Etats-Unis se lancent dans une nouvelle guerre, cette fois-ci en Afghanistan. A nouveau Chirac s'aligne et décide l’envoi des premières troupes françaises sur le terrain. Jospin et le gouvernement de la « gauche plurielle » acceptent ce choix.
JPD
[1] Ainsi, dans ses « 110 propositions », Mitterrand s’engageait à donner une « priorité au dialogue Nord-Sud pour la mise en place d'un nouvel ordre économique mondial » ; à agir pour une « définition d'un nouveau système monétaire mondial par la réforme du FMI, de la Banque mondiale » ainsi que pour « un moratoire et de nouvelles liquidités pour les pays pauvres du Tiers Monde ». Il se prononçait également pour un « désarmement progressif et simultané en vue de la dissolution des blocs militaires dans l'équilibre préservé des forces en présence ».
[2] Nommé ministre de la Coopération en mai 1981, Jean-Pierre Cot cherche à rompre avec la Françafrique et instaurer de nouveaux rapports avec le Tiers-Monde. Devant l'opposition de Mitterrand, un an plus tard, il démissionne du gouvernement.
De 1945 à 1958, les dirigeants du Parti socialiste - notamment Guy Mollet - sont impliqués dans toutes les tentatives de la 4ème République visant à maintenir par la force l’existence d’un empire colonial.
Les répressions et les guerres conduites par la France en Indochine, à Madagascar, au Vietnam, en Algérie, etc. l’ont été en majorité par des gouvernements dirigés ou avec participation du Parti socialiste.
A la même époque, bien que n’étant pas encore adhérent du Parti socialiste, Mitterrand participe à plusieurs de ces gouvernements de va-t’en-guerre. Ce qui l’amène, en novembre 1954, alors qu’il est ministre de l’Intérieur, à déclarer : « L'Algérie, c'est la France » et à se faire un avocat résolu de la répression : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre ».
A la fin des années 1970, afin de séduire « le peuple de gauche » et s'assurer ainsi la conquête du pouvoir, Mitterrand et les autres dirigeants du Parti socialiste ne sont pas avares de promesses, notamment en matière de politique étrangère. [1]
Mais, une fois élu, Mitterrand ne se distingue pas de la politique de ses prédécesseurs.
Ainsi, l'Afrique subsaharienne francophone demeure le domaine réservé du président où continue de prévaloir le soutien inconditionnel aux régimes vassaux de l'impérialisme français, système mafieux connu sous le nom de « Françafrique ». [2]
En août 1983, c’est l'intervention des militaires français au Tchad (opération Manta).
A la fin des années 1980, c’est la répression visant les populations canaques de Nouvelle-Calédonie dans la plus pure tradition coloniale.
De 1990 à 1994, c’est l’ingérence de la France au Rwanda qui conduira directement au génocide où périront plus de 800.000 Tutsis.
De même, en matière de défense, en dépit de ses promesses, Mitterrand ne remet pas en question la dissuasion nucléaire. Et quand, en 1990-1991, les Etats-Unis programment leur entrée en guerre contre l’Irak, il y associe la France et son armée.
En 1997, le Parti socialiste revient au pouvoir avec le gouvernement de la « gauche plurielle » dirigé par Jospin en cohabitation avec Chirac, président.
En mars 1999, c’est la guerre du Kosovo. Chirac décide que l’aviation française bombarderait la Yougoslavie aux côtés des forces de l’OTAN. Jospin est pleinement d’accord et déclare que la France est déterminée à « prendre toute sa part à l’action militaire devenue inévitable ».
En novembre 2001, les Etats-Unis se lancent dans une nouvelle guerre, cette fois-ci en Afghanistan. A nouveau Chirac s'aligne et décide l’envoi des premières troupes françaises sur le terrain. Jospin et le gouvernement de la « gauche plurielle » acceptent ce choix.
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Ce rappel des faits montre bien que le Parti socialiste au pouvoir ne s’est jamais différencié de la droite, dès lors que la politique impérialiste voulue par le capitalisme français et son Etat était en jeu.JPD
[1] Ainsi, dans ses « 110 propositions », Mitterrand s’engageait à donner une « priorité au dialogue Nord-Sud pour la mise en place d'un nouvel ordre économique mondial » ; à agir pour une « définition d'un nouveau système monétaire mondial par la réforme du FMI, de la Banque mondiale » ainsi que pour « un moratoire et de nouvelles liquidités pour les pays pauvres du Tiers Monde ». Il se prononçait également pour un « désarmement progressif et simultané en vue de la dissolution des blocs militaires dans l'équilibre préservé des forces en présence ».
[2] Nommé ministre de la Coopération en mai 1981, Jean-Pierre Cot cherche à rompre avec la Françafrique et instaurer de nouveaux rapports avec le Tiers-Monde. Devant l'opposition de Mitterrand, un an plus tard, il démissionne du gouvernement.
06/05/2011
Sétif, 8 mai 1945 : Un massacre français
Les massacres qui, le 8 mai 1945, ont débuté dans la ville de Sétif en Algérie sont de ceux que l’Etat français s’est employé à dissimuler ou minimiser durant soixante-cinq années.
L’historien Jean-Louis Planche leur a consacré un ouvrage résultat de ses longues recherches au centre des Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence [1]. Son constat est sans appel : entre le 8 mai et le 26 juin 1945, 20.000 à 30.000 Algériens ont été tués par l’armée française et les colons européens dans le département du Constantinois. L'auteur parle de « boucherie quotidienne », soit 400 à 500 assassinats par jour.
Tout à commencé le 8 mai 1945 alors que les peuples européens fêtaient la victoire des puissances alliées sur l’Allemagne nazie. Des Algériens avaient cru - légitimement - que leur aspiration à l’indépendance nationale valait bien celle qui avait animée la Résistance française. Mais, c’était sans compter avec le fait que De Gaulle avait donné pour instruction aux chefs militaires en poste en Algérie de ne pas laisser ce pays « nous filer entre les doigts ».
Le matin du 8 mai, 2.000 à 3.000 Algériens sont rassemblés devant la mosquée de la ville de Sétif. Après avoir déposé dans le bâtiment tout ce qui pourrait ressembler à une arme, ils partent en cortège en direction du monument aux Morts où doit être commémorée la capitulation allemande.
En tête, des scouts musulmans portent une gerbe de fleurs, suivis de militants avec des drapeaux algériens - vert et blanc frappé d'un croissant et d'une étoile rouges - et des banderoles portant des inscriptions : « Nous voulons être vos égaux », « A bas le colonialisme », « Vive l’Algérie libre et indépendante ».
Pour les policiers, c’en est trop. Afin de se saisir d’un drapeau jugé séditieux, un inspecteur tire et tue son porteur. D’autres policiers tirent au pistolet-mitrailleur sur la foule. De leur balcon, des Européens tirent également au fusil. Les manifestants algériens entrent en panique et cherchent à quitter la ville mais les gendarmes font barrage et ouvrent le feu à leur tour. Dans leur fuite, les Algériens s’en prennent à quelques Européens qu’ils rencontrent. Il y a quelques morts et blessés de ce côté également.
Le même jour, d’autres villes du Constantinois connaîtront des évènements semblables, notamment Guelma.
Bien qu’il n’y ait pas à proprement parlé d’insurrection mais quelques attentats individuels, l’armée déclenche une répression féroce et aveugle. L’aviation bombarde et mitraille les villages tandis qu’au sol gendarmes et légionnaires, appuyés par des véhicules blindés et de l’artillerie, ratissent la campagne. Un croiseur - le Duguay-Trouin - tire même au canon de 75 et de 40.
De leur côté, les Européens s’organisent en milices que l’armée équipe en uniformes et en armes : fusils de guerre, fusils-mitrailleurs, grenades. Ces milices se livrent à des exécutions sommaires, organisent des expéditions punitives. Des villages seront incendiés, leurs habitants martyrisés, fusillés en masse sans distinguer femmes et enfants.
C’est cette réalité que l’Etat français, la plupart des partis politiques et la grande presse ont dissimulé à l’époque et ont tenté de refouler depuis. En 2005, il s’est même trouvé une majorité de députés pour voter une loi glorifiant « l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ». [2]
[1] Jean-Louis Planche, Sétif 1945 - Chronique d'un massacre annoncé, Ed. Perin, 2006, 2010.
[2] Nombre de Français considèrent comme une obligation de rappeler certains crimes imputables à d’autres pays que le leur. Ils appellent ça le « devoir de mémoire ». Par contre, ils se montrent beaucoup plus oublieux des crimes de la France et reprochent à ceux de leurs compatriotes, qui ont le mauvais goût de s’en souvenir, un penchant condamnable à la « repentance ».
L’historien Jean-Louis Planche leur a consacré un ouvrage résultat de ses longues recherches au centre des Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence [1]. Son constat est sans appel : entre le 8 mai et le 26 juin 1945, 20.000 à 30.000 Algériens ont été tués par l’armée française et les colons européens dans le département du Constantinois. L'auteur parle de « boucherie quotidienne », soit 400 à 500 assassinats par jour.
Tout à commencé le 8 mai 1945 alors que les peuples européens fêtaient la victoire des puissances alliées sur l’Allemagne nazie. Des Algériens avaient cru - légitimement - que leur aspiration à l’indépendance nationale valait bien celle qui avait animée la Résistance française. Mais, c’était sans compter avec le fait que De Gaulle avait donné pour instruction aux chefs militaires en poste en Algérie de ne pas laisser ce pays « nous filer entre les doigts ».
Le matin du 8 mai, 2.000 à 3.000 Algériens sont rassemblés devant la mosquée de la ville de Sétif. Après avoir déposé dans le bâtiment tout ce qui pourrait ressembler à une arme, ils partent en cortège en direction du monument aux Morts où doit être commémorée la capitulation allemande.
En tête, des scouts musulmans portent une gerbe de fleurs, suivis de militants avec des drapeaux algériens - vert et blanc frappé d'un croissant et d'une étoile rouges - et des banderoles portant des inscriptions : « Nous voulons être vos égaux », « A bas le colonialisme », « Vive l’Algérie libre et indépendante ».
Pour les policiers, c’en est trop. Afin de se saisir d’un drapeau jugé séditieux, un inspecteur tire et tue son porteur. D’autres policiers tirent au pistolet-mitrailleur sur la foule. De leur balcon, des Européens tirent également au fusil. Les manifestants algériens entrent en panique et cherchent à quitter la ville mais les gendarmes font barrage et ouvrent le feu à leur tour. Dans leur fuite, les Algériens s’en prennent à quelques Européens qu’ils rencontrent. Il y a quelques morts et blessés de ce côté également.
Le même jour, d’autres villes du Constantinois connaîtront des évènements semblables, notamment Guelma.
C'était le temps du mépris
Les autorités civiles et militaires ne s’attendaient pas à ce que s’exprime une telle volonté d’indépendance de la part d’un peuple qu’ils croyaient dominer à jamais. Pour elles, il convenait d’étouffer dans l’œuf cette aspiration.Bien qu’il n’y ait pas à proprement parlé d’insurrection mais quelques attentats individuels, l’armée déclenche une répression féroce et aveugle. L’aviation bombarde et mitraille les villages tandis qu’au sol gendarmes et légionnaires, appuyés par des véhicules blindés et de l’artillerie, ratissent la campagne. Un croiseur - le Duguay-Trouin - tire même au canon de 75 et de 40.
De leur côté, les Européens s’organisent en milices que l’armée équipe en uniformes et en armes : fusils de guerre, fusils-mitrailleurs, grenades. Ces milices se livrent à des exécutions sommaires, organisent des expéditions punitives. Des villages seront incendiés, leurs habitants martyrisés, fusillés en masse sans distinguer femmes et enfants.
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Tandis qu’en France on pleurait les victimes d’Oradour-sur-Glane, l’armée française et les colons européens se rendaient coupables d’horreurs qui ne diffèraient en rien de celles des nazis.C’est cette réalité que l’Etat français, la plupart des partis politiques et la grande presse ont dissimulé à l’époque et ont tenté de refouler depuis. En 2005, il s’est même trouvé une majorité de députés pour voter une loi glorifiant « l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ». [2]
Plaque à Oradour-sur-Glane : Se souvenir des crimes coloniaux de la France aussi...
JPD[1] Jean-Louis Planche, Sétif 1945 - Chronique d'un massacre annoncé, Ed. Perin, 2006, 2010.
[2] Nombre de Français considèrent comme une obligation de rappeler certains crimes imputables à d’autres pays que le leur. Ils appellent ça le « devoir de mémoire ». Par contre, ils se montrent beaucoup plus oublieux des crimes de la France et reprochent à ceux de leurs compatriotes, qui ont le mauvais goût de s’en souvenir, un penchant condamnable à la « repentance ».
03/05/2011
France : La dictature de la bourgeoisie
Pour Marx, « l’État n’est rien d’autre qu’un appareil pour opprimer une classe par un autre, et cela, tout autant dans la république démocratique que dans la monarchie ».
A propos de la lutte des classes en France au XIXème siècle, il notait : « Au fur et à mesure que le progrès de l’industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l’antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d’État prenait de plus en plus le caractère d’un pouvoir public organisé aux fins d’asservissement social, d’un appareil de domination d’une classe ».
Pour Lénine, « les formes d’Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d’une manière ou d’une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie ».
Il en résulte que la démocratie, dans la société capitaliste, ne peut jamais être « qu’une démocratie tronquée, misérable, falsifiée, une démocratie uniquement pour les riches, pour la minorité ».
Il ajoutait : « le suffrage universel, l’Assemblée constituante, le Parlement [...] ne sont que la forme qui ne modifient rien au fond ».
Tout ce qui est important se décide dans les coulisses (conseils d’administration, cabinets, chancelleries, états-majors) et « dans les parlements, on ne fait que bavarder, à seule fin de duper le "bon peuple" ».
Quant à Rosa Luxemburg, elle précisait : « Si, dans l'intérêt du développement social, [l’Etat] se charge de fonctions d'intérêt général, c'est uniquement parce que, et seulement dans la mesure où, ses intérêts et le développement social coïncident avec les intérêts de la classe dominante en général ».
Et, en 1918, un mois avant d'être assassinée par la soldatesque de l'Etat allemand, elle avertissait : « Dernier rejeton de la caste des exploiteurs, la classe capitaliste impérialiste surpasse en brutalité, en cynisme, en abjection toutes celles qui l’ont précédée. Elle défendra ce qu’elle a de plus sacré : le profit et le privilège de l’exploitation avec ses dents et ses ongles. Elle emploiera les méthodes sadiques dont elle a fait montre dans toute sa politique coloniale et au cours de la dernière guerre ».
Un bain de sang qui n'a d'égal que ceux que l’on impute généralement aux régimes « autoritaires » ou « dictatoriaux ».
D’autres répressions contre la classe ouvrière suivront mais sans qu’elles n’atteignent jamais le même degré de sauvagerie. C’est que depuis la Commune de Paris aucun mouvement révolutionnaire n’a jamais menacé l’existence de la bourgeoisie française en tant que classe.
[1] La photo a été prise le 26 octobre 1948, à Anzin, dans le Nord, alors que la troupe traverse les corons pour aller investir le dernier puit occupé par les mineurs grévistes. (Archives AFP)
A propos de la lutte des classes en France au XIXème siècle, il notait : « Au fur et à mesure que le progrès de l’industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l’antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d’État prenait de plus en plus le caractère d’un pouvoir public organisé aux fins d’asservissement social, d’un appareil de domination d’une classe ».
Pour Lénine, « les formes d’Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d’une manière ou d’une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie ».
Il en résulte que la démocratie, dans la société capitaliste, ne peut jamais être « qu’une démocratie tronquée, misérable, falsifiée, une démocratie uniquement pour les riches, pour la minorité ».
Il ajoutait : « le suffrage universel, l’Assemblée constituante, le Parlement [...] ne sont que la forme qui ne modifient rien au fond ».
Tout ce qui est important se décide dans les coulisses (conseils d’administration, cabinets, chancelleries, états-majors) et « dans les parlements, on ne fait que bavarder, à seule fin de duper le "bon peuple" ».
Quant à Rosa Luxemburg, elle précisait : « Si, dans l'intérêt du développement social, [l’Etat] se charge de fonctions d'intérêt général, c'est uniquement parce que, et seulement dans la mesure où, ses intérêts et le développement social coïncident avec les intérêts de la classe dominante en général ».
Et, en 1918, un mois avant d'être assassinée par la soldatesque de l'Etat allemand, elle avertissait : « Dernier rejeton de la caste des exploiteurs, la classe capitaliste impérialiste surpasse en brutalité, en cynisme, en abjection toutes celles qui l’ont précédée. Elle défendra ce qu’elle a de plus sacré : le profit et le privilège de l’exploitation avec ses dents et ses ongles. Elle emploiera les méthodes sadiques dont elle a fait montre dans toute sa politique coloniale et au cours de la dernière guerre ».
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Le massacre de masse qui a mis un terme à la Commune de Paris en 1871 est là pour rappeler que la IIIème République française - toute démocratique qu’elle se prétende - est née sur un tas de 20.000 cadavres.Un bain de sang qui n'a d'égal que ceux que l’on impute généralement aux régimes « autoritaires » ou « dictatoriaux ».
D’autres répressions contre la classe ouvrière suivront mais sans qu’elles n’atteignent jamais le même degré de sauvagerie. C’est que depuis la Commune de Paris aucun mouvement révolutionnaire n’a jamais menacé l’existence de la bourgeoisie française en tant que classe.
Dictature de l'Etat bourgeois : L'utilisation de l'armée contre les ouvriers grèvistes [1]
JPD[1] La photo a été prise le 26 octobre 1948, à Anzin, dans le Nord, alors que la troupe traverse les corons pour aller investir le dernier puit occupé par les mineurs grévistes. (Archives AFP)
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