La mort de Kadhafi est un assassinat, l’action de l’OTAN génocidaire est l'instrument de répression le plus perfide de l'histoire : « Le colonel Kadhafi a été grièvement blessé par les chasseurs bombardiers les plus modernes de l'Otan qui ont intercepté et neutralisé son véhicule, capturé encore vivant et assassiné par les hommes que cette organisation a armés […] Son cadavre a été exhibé comme un trophée de guerre, un comportement qui viole les principes les plus élémentaires des préceptes de l'islam et des autres croyances religieuses dans le monde. Il ne s’agit pas d’une déclaration d’un savant musulman ou d’un chef d’état musulman mais la publication de Fidel Castro dans "réflexion" qu'il publie régulièrement dans la presse officielle cubaine malgré ses 85 ans.
Hier, "notre" monde s'est réjoui indécemment de la mort d'un Être HUMAIN. Il faut en être conscient. Il faut replacer nos valeurs et se blinder contre la «haine» qu'on nous sème à grands coups de médias dans le cœur. Faut-il applaudir les massacres d'une armée impériale sophistiquée? Faut-il fermer les yeux sur les atrocités qu'elle commet ? La guerre et la mort, ce ne sont pas des jeux "inoffensifs" et encore moins «humanitaires». Nous nous réjouissons, avec votre aide, devant des cadavres sanglants. Ces cadavres d'Êtres Humains que vous déshumanisez consciemment ou inconsciemment, mais totalement efficacement.
Ce n’est toujours pas un dignitaire musulman qui s’exprime mais le canadien Serge Charbonneau.
Voici la dernière lettre de Kadhafi à Silvio Berlusconi
« Cher Silvio.
Je te fais parvenir cette lettre par l’intermédiaire de tes concitoyens, qui sont venus en Libye nous apporter leur soutien dans un moment aussi difficile pour le peuple de la Grande Jamahiriya.
J’ai été surpris par l’attitude d’un ami avec qui j’ai scellé un traité d’amitié favorable à nos deux peuples. J’aurais espéré de ta part au moins que tu t’intéresses aux faits et que tu tentes une médiation avant d’apporter ton soutien à cette guerre.
Je ne te blâme pas pour ce dont tu n’es pas responsable car je sais bien que tu n’étais pas favorable à cette action néfaste qui n’honore ni toi ni le peuple italien.
Mais je crois que tu as encore la possibilité de faire marche arrière et de faire prévaloir les intérêts de nos peuples.
Sois certain que moi et mon peuple, nous sommes disposés à oublier et à tourner cette page noire des relations privilégiées qui lient le peuple libyen et le peuple italien.
Arrête ces bombardements qui tuent nos frères libyens et nos enfants. Parle avec tes [nouveaux (rayé)] amis et vos alliés (1) pour parvenir à [une solution qui garantisse au grand peuple libyen le choix en totale liberté de qui le dirige (rayé)] ce que cesse cette agression à l’encontre de mon pays (1).
J’espère que Dieu tout-puissant te guidera sur le chemin de la justice [dans le but d’arrêter ce bain de sang que subit mon pays la Libye (rayé)]. »
Kadhafi donne par ce texte une incarnation à Tolstoï : «
Il ne faut écrire qu'au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l'encre un morceau de ta chair reste dans l'encrier. »
Qui nous a transmis ces lambeaux de chair qui seront conservés dans un musée occidental ou dans les archives de l’Occident volant notre culture, notre mémoire plus précieux que le pétrole et les fonds souverains ? Encore une fois ce n’est pas un Musulman ou un arabe qui publie cette lettre montrant un homme trahi et acculé à se défendre mais prêt à dialoguer, à négocier comme il l’a manifesté auprès de l’OUA. Non c’est Paris Match qui vend un scoop pour gagner de l’argent et mettre en cause l’agence de communication italienne qui a créé un site de résistance pro Kadhafi et dont ses patrons ont porté cette lettre. Elle rappelle à bien des égards celle de l’Émir Abdelkader au roi français lui proposant la paix des justes et la prospérité entre les peuples algériens et français si les Français se donnaient l’intelligence de connaitre l’algérien et reconnaitre sa religion. Face à la prédation colonialiste nous restons seuls, isolés, déchirés, frappés par nos alliés et nos frères de sang. Le Renard du désert a sans doute lu le petit prince de Saint Exupéry mais avec l’âge il en a oublié les leçons ne gardant que l’aspect romantique :
«
Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis… Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... Qu'est-ce-qui signifie «apprivoiser » ? C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie « créer des liens ». On ne connaît que les choses qu'on apprivoise. C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser... J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence... Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part...
Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux. »
Dans le renard il y avait aussi Machiavel (le Prince) non celui qui est présenté comme diabolique mais le penseur humaniste et patriote qui a donné des leçons aux princes pour construire l’unité et la grandeur de l’Italie contre le Vatican. Kadhafi vieillissant ne voyait pas l’aristocratie libyenne qui se liguait contre lui pour vivre à l’occidental. Il a sans doute oublié qu’il fallait veiller sur la justice, l’unité de son peuple tribal et se préserver des prédateurs qui ont l’esprit des bédouins blâmés par le Coran. Il savait et il a oublié la conduite à tenir face à la cupidité du capitalisme international et de la féodalité intérieur : «
Un prince (...) doit savoir bien utiliser la bête, il doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne peut se défendre des filets, le renard des loups ; il faut donc être renard pour connaître les filets, et lion pour faire peur aux loups. Ceux qui veulent seulement faire les lions n'y comprennent rien [à la politique]. Donc, un seigneur intelligent ne peut pas tenir sa parole quand cela se retournerait contre lui, et quand les causes qui l'ont conduit à promettre ont disparu. (...) Et jamais un prince n'a manqué d'excuses pour cacher son manque de parole ; on pourrait trouver beaucoup d'exemples du temps présent, montrant combien de paix, combien de promesses ont été faites pour rien et annulées par l'infidélité des princes : celui qui a mieux su faire le renard s'en est toujours le mieux trouvé. Mais il faut savoir bien masquer cette nature, être grand simulateur et dissimulateur."
Au lieu d’être un grand dissimulateur il a été un grand exhibitionniste pour narguer l’Occident et les capitales arabes et musulmanes qui trouvaient l’occasion de cacher son discours provocateur mais vrai en le montrant sous les traits d’un excentrique, d’un guignol. Les jours passés ne reviendront plus Les jours passés ne reviendront plus jamais mais ils finissent par dévoiler la nature d’un homme qui meurt comme il a grandi, dans la grandeur ou dans la honte, dans le martyr ou dans la servitude :
« Le miroir ne peut redevenir du fer et le pain ne peut ne peut redevenir du blé mais toi si tu te vois fleur tu es parterre fleuri, si tu te vois âme tu es royaume de l'âme, tu es ce que tu veux être ».
Que veulent les Arabes et les Musulmans pour destin ? Quelle est leur stratégie pour construire leur devenir ? Pour l’instant les Musulmans, les Arabes et leurs dignitaires se réjouissent avec les Puissants colonialistes de la mort du dernier homme du front de la fermeté (Jabhat as soumoud) lors de la nationalisation du pétrole et du canal de Suez : Boumediene, Nasser, Saddam, Assad et Kadhafi. Les assassins, les commanditaires et les incitateurs au meurtre vont restés des Caïn hantés par le martyr d’un homme qui a mis à nu leur monstruosité, leur lâcheté et leur vassalité. Nos respectables et honorables assemblées de Oulémas ne pourront plus le traiter de Chiite hérétique, de mécréant, de sorcier, de peureux, d’aposta, de tyran, de communiste et autres sobriquets pour cacher leur médiocrité. Il a rejoint Allah son Créateur que nous avons sollicité dans la prière du disparu (salat al Ghàib) de lui accorder Son Pardon, Sa Miséricorde et de l’accueillir avec les véridiques :
{Il est parmi les croyants des hommes qui ont tenu loyalement leur engagement vis-à-vis de Dieu. Certains d’entre eux ont déjà accompli leur destin, d’autres attendent leur tour. Mais ils n’ont jamais rien changé à leur comportement}
Pour les Arabes et les Musulmans ce n’est pas encore le déferlement de Gog et Magog mais bel et bien la continuité depuis au moins trois siècle du prophétique :
« Malheur aux Arabes d’un mal qui s’approche »
Les gens verront une époque où le cœur du croyant fondra comme le plomb fond dans le feu, et ce à force d'assister à des troubles et des événements dans sa Religion, sans pouvoir y rien changer »
Oublions un instant ce mal dans sa forme de bataille navale, terrestre, aérienne, diplomatique, médiatique, psychologique et économique menée par 40 états contre un peuple de 6 millions d’âmes qui se voit subir une violence inouïe et impitoyable où les Musulmans et les Arabes ont joué le rôle de misérables pantins ou d’insouciants spectateurs. Essayons de comprendre, au-delà de l’émotion devant le courage des uns et la violence aveugle des autres, la logique implacable qui a poussé à assassiner un Chef d’État Arabe, Africain et Musulman comme celle qui a poussé la région de Benghazi et la confrérie maraboutique des Senoussi à livrer Omar Al Mokhtar au lynchage par les Italiens contre la « paix ». Je ne vais pas reprendre mes arguments sur l’imbécilité des Frères Musulmans et de leur guide spirituel qui ne voient pas l’intérêt stratégique de l’impérialisme de créer un acte de subversion dans la profondeur stratégique de l’Égypte tout en criminalisant l’Islam par l’ islamisation du discours de voyous assoiffés de sang, de pouvoir et de vengeance allant jusqu’à profaner les fondamentaux de l’Islam. Les Frères Musulmans et Qaradhawi à leur tête sont des médiocres. Ils ont perdu dans la Révolution Égyptienne un allié qui aurait pu leur apporter l’argent et le marché africain au lieu de cela ils ont permis l’ouverture d’un un front contre eux en Libye et dans le monde progressiste d'Afrique et d'Amérique latine. Ce sont des soufahas, des insensés, dont Moise a demandé la protection auprès d'Allah à cause de leur comportement sectaire, arrogants et fanatiques :
{Certes, ceux qui ont adopté le veau seront réprouvés par une Colère de leur Seigneur, et une humiliation dans la vie terrestre. C’est ainsi que Nous Punissons les trompeurs […] Nous Ferais-Tu périr en raison de ce que les insensés d’entre nous ont fait ? Ce n’est qu’une épreuve de Ta Part, Tu Fourvoies par elle qui Tu Veux et Tu Guides qui Tu Veux. Tu Es notre Protecteur, Pardonne-nous et Fais-nous Miséricorde, car Tu Es le Meilleur des Pardonneurs} Al A’âraf 155
Le veau d’or est cette transposition du culte pharaonique que l’esclave libéré continue à revendiquer en cherchant un maitre, en faisant de soi-même un ego divinisé. Quand j’étais plus jeune je ne parvenais pas à comprendre les critiques de Malek Bennabi contre les Frères Musulmans et encore moins celles d’Al Albani plus virulentes. Le temps a montré la perspicacité de ces grandes figures du monde musulman et nous a permis de voir leur rôle en Algérie, en Irak, en Libye et leur compromission avec l’appareil de la hiérarchie militaire en Égypte bloquant la révolution. On peut jouer sur la fibre religieuse et sentimentale d’un jeune fasciné par la rhétorique verbeuse d’un Cheikh qui n’apporte pas de solution mais du rêve et de l’inertie. On ne peut pas rester silencieux quand on voit une Fatwa incitant au meurtre d’un musulman alors que ce même Cheikh a contesté la Fatwa de Khomeiny contre Salam Rushdie le blasphémateur et s’est tu devant Sadate et Moubarak vendant l’Égypte et le monde arabe aux sionistes. Stambouli l’assassin de Sadate a été désavoué alors que les conglomérats composites d’agents de la CIA, du MI6, du Mossad et de la DGSE sont sublimés et légitimés.
Les dignitaires Africains, Arabes et Musulmans qui ont assisté lâches et impuissants devant ce qui les attend doivent, par pitié pour leur petitesse, conserver un minimum de pudeur, et se taire au lieu d’être plus ostentatoires que les assassins. Notre Prophète commande dans les moments difficiles à celui qui ne trouve pas de solution de s’imposer le retrait de la vie mondaine, le silence, le regret et les pleurs sur son sort faute de chercher à connaître la vérité et d’être incompétent pour la soutenir. Demain, tout proche, sans le Dejal ni l’apocalypse chacun de nous sera interpellé par sa conscience et son peuple sur cette morale qui permet de dénigrer le résistant et de pousser son environnement à douter de lui ou à se révolter contre lui alors qu’il a fait face, héroïquement, à la redoutable machine de guerre des impérialo sionistes dont l’ idéologie affichée est un racisme éradicateur dont a vu le nettoyage d’une famille après celui des ethnies noires libyennes avant d’opérer un nettoyage ethnique des familles des loyalistes et des résistants pour consacrer à jamais l’occupation coloniale des terres conquises par les massacres des autochtones. On peut comprendre les mobiles idéologiques, l’ethnocentrisme et la décadence morale des pays occidentaux qui poussent au meurtre et qui demandent aux victimes réduites au silence dans des conditions inhumaines, de reconnaître leur bourreau et d’accepter de ne pas se révolter ni de résister. On ne peut comprendre la conscience musulmane a moins d’admettre que l’esprit partisan, doctrinaire et narcissique à tuer en eux l’humanité qu’Allah a déposé en eux. Ce ne sont que des coquilles vides, des têtes enturbannées creuses, des rhétoriques de rentiers de la religion et non des militants pour l’Islam et ses idéaux de justice, de vérité, d’équité, de respect de la vie sacrée. On m’a rit au nez lorsque j’ai dit qu’après Kadhafi et le peuple libyen l’association internationale des Oulémas musulmans volera en morceau une fois qu’elle aura donné sa bénédiction à une agression contre la Syrie puis contre l’Iran.
Comment peut-on travailler contre ses intérêts, sa religion, ses idées écrites dans les livres sans avoir la conscience d’être en train de désavouer non seulement ses idées mais une alliance avec Allah et un projet pour les Musulmans. Encore une fois ce n’est pas un Musulman qui va nous donner la réponse mais un scénariste qui connait la psychologie de l’être individuel et social comme Borges : «
Les dictatures fomentent l’oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu’elles fomentent l’idiotie». La dictature il ne faut pas la voir seulement sur le plan politique mais économique, intellectuel et religieux. Chacun dans son domaine est soit un gourou à adorer soit Satan à maudire. La culture de la rente y compris de la rente religieuse produit des effets plus pervers que la dictature car on peut trouver chez certains dictateurs dans l’histoire humaine de la grandeur, une grande ambition. Dans la rente il y a la culture de la servilité qui gomme tout esprit de grandeur ou d’ambition.
Dans le premier article sur la Libye, au mois de mars, j’ai décrit le scénario de guerre civile que BHL est venu, sur ordre, inoculer en Libye pour déstabiliser l’Afrique du Nord et la rive « musulmane » de la Méditerranée ne laissant qu’un seul projet dominant celui du grand Israël. Nous entrons dans un nouveau moment et un nouveau lieu de déflagration. Kadhafi a été assassiné doublement : trahi par les siens et frappé par une communauté de puissants qui bafoue ses propres règles internationales et son code de déontologie diplomatique. Nous ne pouvons lui redonner vie et avoir sa version. Si le testament qui circule sur Internet est le sien c’est encore une preuve de sa bravoure et une humiliation supplémentaire pour ses assassins et leurs commanditaires politiques, militaires et religieux.
Je vais tenter de montrer ce que j’ai déjà montré lors de la Bataille Al Forqane du Hamas face à l’agression Hanouka de l’entité sioniste que les Américains ont baptisé opération plomb durci. Il s’agit ici comme là bas de faire taire toute voix refusant la soumission à l’ordre mondiale impérial. Au-delà de museler la voix des derniers Mohicans il s’agit d’intimider les élites et les peuples pour faire taire leurs revendications identitaires et effacer de leur mémoire collective la confiscation de leur territoire et toute idée de résistance pour reconquérir leur dignité et leurs droits.
C’est la même question qui s’est posée pour l’Irak, l’Afghanistan, la Somalie, le Liban, la Palestine qui s’est posée pour la Libye et qui va se poser pour d’autres peuples : Peut-on rester silencieux devant l’injustice et l’oppression d’un peuple ? Peut-on se qualifier de musulman lorsque l’on se soumet au diktat du plus fort qui opprime le plus faible ? Non ! Le combat du Prophète (saws) est un combat contre l’oppression et une lutte sans merci pour avoir la liberté de témoigner de ce devoir de défendre l’opprimé et témoigner du droit de l’opprimé à se défendre. L’imam Ali un des meilleurs élus de l’école mohammadienne témoigne de l’exigence de vérité enseignée par Mohamed (saws) :
«Ma colère (celle de Dieu) s'accroît contre celui qui est injuste envers quelqu'un qui n'a d'autre soutien que Moi» «Dieu a demandé à l'un de Ses prophètes dans le royaume d'un tyran de dire à celui-ci s'il le rencontrait : «Je ne vous ai pas employé pour répandre le sang et prélever des impôts, mais pour que je n'entende plus les cris des opprimés ; car je ne néglige pas leur plainte, même s'ils étaient des mécréants»
Au lieu de se cacher derrière des mythes il vaut mieux s’éclairer des récits authentiques et instructifs comme le récit coranique sur Moïse. Moïse en demandant à son peuple de se détourner de Pharaon, de ses notables et des traîtres juifs (comme Coré) qui vivaient en collaboration avec la cour de Pharaon a indiqué que la principale voie de résistance avant le déclenchement des hostilités est de revenir à son identité, à ses valeurs et d’opérer une rupture totale avec les symboles de puissance, de fierté et d’apparat de Pharaon :
{Et Allah Établit la vérité, par Ses Paroles, même contre le gré des malfaiteurs. Mais ne crurent en Moïse que quelques jeunes, de ses gens, quoiqu’en ayant peur de Pharaon - qu’il ne les fourvoie - et de leurs élites. Pharaon est sûrement despote sur le pays, et il est sûrement du nombre des dissipateurs. Et Moïse dit : « O mon peuple ! Si vous avez vraiment eu foi en Allah, fiez-vous donc à Lui, si vous êtes musulmans. » Alors ils dirent : « Nous nous fions à Allah. Notre Seigneur, ne Fais pas de nous un fourvoiement pour les gens injustes, et Sauve-nous, par Ta Miséricorde, des gens mécréants. » Et Nous Inspirâmes à Moise et à son frère: « Prenez, vous deux, pour vos gens, des demeures à l’avant en Égypte. Et faites de vos demeures une Qibla, accomplissez la prière, et annonce la Bonne Nouvelle aux croyants ». Et Moïse dit : « Notre Seigneur, Tu As Accordé à Pharaon et son élite aisance et biens dans la vie terrestre, notre Seigneur, afin qu’ils se fourvoient de Ta voie ! Notre Seigneur, Supprime leurs biens et Endurcis leurs cœurs, de sorte qu’ils ne deviennent pas croyants jusqu’à ce qu’ils voient le châtiment douloureux ». Il Dit : « Votre invocation, à vous deux, est exaucée. Suivez alors, tous deux, la rectitude et ne suivez surtout pas la voie de ceux qui ne savent point. » Younes 82
La Qibla visée par le verset est traduite par lieu de culte selon des références exégétiques. D’autres commentateurs du Coran y voient la direction dans le sens où Pharaon et son système ne doivent plus rester un modèle d’admiration, de fascination et de crainte. Il faut prendre sa demeure comme Qibla c'est-à-dire la définition d’un but, d’un objectif en l’occurrence celui de se réapproprier ses valeurs propres, son identité et de s’impliquer dans une démarche spirituelle, de l’extérieur vers l’intérieur, de la forme au fond, de l’apparence au sens, de l’effet à la cause, de la cause au créateur des causes pour se réapproprier son humanité, sa Fitra qui connaît naturellement le devoir de se libérer. Le cœur du processus qui conduit à la perte de Pharaon et la libération du peuple opprimé est la rupture avec l’aliénation. La désaliénation le processus de libération que doit entreprendre tout opprimé pour se libérer de l’oppresseur et de tout les mécanismes d’oppression s’il veut être libre. Moïse qui avait initialement engagé un dialogue pacifique et une négociation avec Pharaon prend une position radicale : la fermeture de toute négociation, le refus de tout dialogue, Par ce refus il met sa vie et sa liberté en péril et il expose son peuple à une oppression plus aigüe. Il suit en cela la démarche de Noé et de tous les Prophètes et Messagers de Dieu. Le dialogue de Moise n’est pas un dialogue pour perdre du temps ou donner une légitimité à l’oppresseur mais un dialogue qui prône la libération du peuple de la tyrannie sans concession et sans louvoiement. Moïse est musulman, sa théologie est celle de Mohamed : libérer l’opprimé et faire taire l’oppresseur.
Tous les Prophètes, musulmans, ont la mission de conduire les opprimés vers la liberté, la dignité et la réalisation de leur triple vocation : Honorificat de créature créé par Dieu, soumission et adoration consacrée à Dieu, Vicariat pour faire le bien et lutter contre la corruption. En décidant de mettre son peuple en voyage vers la libération en deux étapes, libération du système de représentation du Taghut puis marche vers la liberté en affrontant l’armée du Taghut, Moïse a initié ce voyage libérateur par le refus du véto de Pharaon et la dérive démiurge de Pharaon. Comme tous les Prophètes Moïse à dénoncé et lutté contre cette dérive démiurge mystificatrice qui se retrouve d’ailleurs dans la psychologie de tout tyran, de tout despote, de tout mécréant disposant d’une parcelle de pouvoir ou d’autorité.
La démarche de Moïse est celle de toute la lignée abrahamique : celle des Prophètes. Lutter contre le Taghut sous toutes ses formes c'est lutter contre l’oppression de l’esprit et l’aliénation culturelle et idéologique qui prive l’homme de sa liberté de choisir, de se mettre en quête de sens et de vérité. Moïse après avoir libéré son peuple de l’oppression de Pharaon s’est trouvé confronté au plus grand Jihad : libérer son peuple de l’idée de la servitude qui s’est enraciné dans la conscience après des siècles d’esclavagisme. L’homme n’est libre que s’il sait faire usage de sa liberté c'est-à-dire refuser d’opprimer les autres et refuser de se laisser opprimer ou aliéner par le faux et l’illusoire. Le verbe « dire je suis libre » est la proclamation de la liberté acquise. Le verbe « dire je veux être libre » est la proclamation de la liberté à acquérir, la revendication de la liberté, le projet de libération qui conduit à la liberté. L’action qui découle de ce verbe est la résistance contre l’oppression, le mensonge et l’aliénation. Il ne s’agit pas de proclamer ce verbe une fois ou occasionnellement mais l’inscrire au quotidien dans une aspiration de plus en plus haute, de plus en plus engagée et de plus en plus agissante qui transcende les difficultés du moment et du lieu, les craintes du changement et l’inertie des hommes : la vérité
{Et dis : « Mon Seigneur, Fais-moi entrer une entrée de Vérité et Fais-moi sortir une sortie de Vérité, et Accorde-moi de chez Toi un pouvoir protecteur. » Et dis : « La vérité est venue et le faux s’est annihilé. Certes, le faux est toujours condamné à s’annihiler. » Et du Coran, Nous Révélons ce qui est guérison et miséricorde pour les croyants, mais il n’accroît les injustes que perdition.} Al-Isra 81.
Tous les Prophètes, inspirés par le même Dieu, ayant la même foi et la même religion et s’inscrivant dans la même vocation de lutte contre l’oppression, contre le déni de droit et la confiscation des libertés ne peuvent prôner que la même rupture avec le système en place, le statu quo politique et l’immobilisme social. Comme le souligne Malek Bennabi la plus grande rupture que Mohamed (saws) va opérer pour transformer l’homme et son environnement c’est la rupture avec la dépendance intellectuelle (les idées) et la dépendance de croyance (la foi et les valeurs). Dieu
va demander à Son Prophète (saws) de proclamer sa liberté et son indépendance sans aucune équivoque :
{Dis : «O négateurs ! Je n’adore pas ce que vous adore pas plus que vous n’adorez ce que j’adore ! Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi la mienne !} al kafirun
Malek Bennabi analysant cette sourate dis : « c’est
la rupture totale de la dépendance doctrinale dans sa double dimension partielle et globale dans l’immédiat, à l’avenir et pour l’éternité. » L’énoncé du verset montre que la rupture est d’abord l’affirmation de la volonté de refus du faux, de l’inique, du mensonge, de la mécréance et du laid. A cette rupture qui est l’expression d’une volonté de résistance dans les esprits suit la mise en œuvre des possibilités pratiques de cette volonté. Les possibilités ne viennent pas avant la volonté mais viennent après la volonté comme un résultat de l’affirmation de cette volonté. D’ailleurs un autre verset confirme la mise en œuvre de ce refus sur le plan de l’action une fois la rupture idéologique opérée comme il confirme la force du verbe qui doit exprimer la prise de position et jouer son rôle de mot d’ordre, fédérateur et mobilisateur :
{Dis-leur : «Ô mon peuple ! Agissez à votre guise ! J’agirai à la mienne ! Vous apprendrez un jour à qui reviendra la meilleure demeure !» Mais quel succès pourront espérer les pervers ?} al An’âm 135.
Souvent, par la loi de la dialectique qui gouverne le monde et les relations entre le vrai et le faux, la rupture est prononcée par l’oppresseur et ses alliés qui ne veulent ni écouter ni négocier l’opprimé par l’arrogance qui habite tout esprit orgueilleux et inique. C’est exactement l’attitude d’Israël devant les palestiniens comme l’a été celles de la colonisation françaises devant les indigènes et les fellaghas du FLN ou celle des Coalisés devant les loyalistes libyens :
{Mais la plupart des hommes s’en détournent et refusent de l’entendre, en disant : «Nos cœurs sont inaccessibles à ce à quoi tu nous appelles et nos oreilles sont frappées de surdité ! Entre toi et nous se dresse un obstacle. Agis donc comme tu l’entends et nous agirons, de notre côté, à notre manière.»} Fussilat 4.
Il n’est pas inutile de rappeler l’importance du « dire » dans le Coran. C’est l’injonction faite par Dieu
, dont le verbe est acte, à utiliser cet attribut spécifiquement humain, pour ordonner le bien, la justice et la vérité. Les hautes valeurs qui fondent la civilisation s’appuient et s’expriment à la foi sur la parole militante pour rompre le mutisme imposé par la terreur de l’oppresseur ou par l’illusion des attraits mondains ou par l’insouciance de la routine pour proclamer le refus de se soumettre en affichant la volonté de défendre son autonomie de dire et son indépendance idéologique, politique, nationale, économique et culturelle. Le Coran, à côté de son invitation à la ferveur religieuse, à l’accomplissement des rites et à l’observance du licite et du droit islamique appelle à prendre la lutte idéologique comme cadre de la bataille politique, militaire et sociale et comme socle de l’édification de la civilisation. Il n’y a civilisation que s’il y un processus de libération de l’oppression et de l’idolâtrie. Contre le projet colonial et contre le projet du nouvel ordre mondial, dont une des facettes est la refondation du monde arabe et du monde musulman. Les hommes libres, à l’avant-garde du front du refus, ne peuvent que dire leur refus de l’oppression. Mais devant l’obstination de leur nier ce droit à l’expression libre le verbe ne peut que se radicaliser. La radicalisation du verbe et de son action ne peut que rencontrer l’enthousiasme d’un peuple en quête d’une élite déterminée à être l’avant-garde du sacrifice et le chemin vers la liberté occultée. Les européens, les américains et les israéliens avec leur appétit de puissance, le mépris des opprimés, leur incompétence à voir leur faillite morale et civilisationnelle ne produisent pour l’instant que le gaspillage des ressources et du temps dans la planète et l’aiguisement des contradictions et confusions dans la tête des Musulmans et des Arabes pour plus d’entropie dans le monde.
Profitons de ces moments historiques et douloureux et apprenons à nous battre contre les confusions et dire la vérité même si elle apporte la désillusion. Nous entendons des voix en entendant crier « Allah Akbar » et en voyant le « Tyran » tomber puis dépecer comme un Renard pris au piège s’imaginer que la porte sublime vers le Khalifat islamique va partir de Bengazi. Nous devons leur dire quelques vérités.
La première concerne leur tendance à lire leur destin non comme un devenir mais comme un retour à un passé révolu. Si Allah avait pour Dessein de faire de l’histoire une ligne comme une voie de chemin de fer avec des allers retours et non des cycles de civilisation qui ont leurs conditions objectives et subjectives le retour ver le Khalifat aurait commencé par Erdogan à la Sublime porte d’Istanbul. Erdogan aurait opéré les ruptures avec l’OTAN et Israël et n’aurait pas cautionné l’agression de la Libye. La seconde c’est cette lecture messianique et apologétique de notre histoire. Elle est voulu par les intelligences sataniques pour nous faire oublier nos malheurs en Irak, en Afghanistan et partout dans le monde musulman comment est en train de s’opérer la régression morale, sociale, économique et religieuse. L’Islam n’est pas attaqué comme par le passé il est savamment porté par des criminels, des sots, des infantiles pour en faire un épouvantail.
La seconde urgence est de raconter la vérité. Le dernier Khalifat Ottoman a apporté le despotisme pendant 5 siècles. Il faut lire l’histoire de l’Algérie et de l’Égypte avant leur colonisation par les Français et les Anglais pour comprendre que ce Khalifat est un empire fondé sur le nationalisme turc et l’instrumentalisation de l’Islam. Si Allah avait trouvé quelque bien en lui il n'aurait pas été dépecé par une bande de brigands et de mécréants. Au moment où l'empire ottoman est tombé les Musulmans dormaient en se racontant la mythologie grecque, l'eschatologie juive et la kabbalistique talmudique.
Le Dr. Mahathir Mohammad, alors premier ministre de la Malaisie, lors de l'ouverture de la 10ème session du sommet de la Conférence Islamique a mis le doigt sur la plaie qu’il nous faut soigner et cicatriser :
« L’empire Ottoman devint l’homme malade à dépecer par le colonialisme lorsque on s'intéressa de plus en plus à des problèmes mineurs comme savoir si les culottes ajustées ou les coiffes à visière étaient islamiques ou pas, si l'imprimerie était autorisée et si l'on pouvait éclairer les mosquées avec l'électricité. Les Musulmans ratèrent totalement la Révolution industrielle. Le recul continua jusqu'à ce que les Anglais et les Français fomentent une rébellion contre le pouvoir turc qui s'était imposé à la chute des Ottomans, derniers tenants d'un pouvoir musulman mondial. Ils remplacèrent ce pouvoir par des colonies. Quelques-uns d'entre nous considéraient toujours, en dépit de tout cela, que notre vie était meilleure que celle de nos adversaires. D'autres crurent que la pauvreté était une composante islamique, de même que la souffrance et l'oppression étaient islamiques. Le monde n'était pas pour nous. Pour nous, les joies du Paradis après la mort. Tout ce que nous devions faire, c'était de pratiquer certains rituels, revêtir certains accoutrements et sauver certaines apparences. Notre faiblesse, notre arriération et notre incapacité à aider nos frères et nos sœurs opprimés reflétaient la volonté d'Allah, de même que les souffrances que nous devions endurer avant le Paradis, dans l'au-delà. Nous devions accepter cette réalité à laquelle nous étions soumis. Nous ne devions rien faire. On ne peut rien contre la volonté d'Allah. Mais est-il bien vrai que c'est là la volonté d'Allah et que nous ne devons et ne pouvons rien faire? Dans la Sourate 13, al-Ra'd, verset 11, "...En vérité, Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce que est en eux-mêmes..." Les premiers musulmans furent tout autant opprimés que nous le sommes aujourd'hui. Mais du fait de leurs efforts sincères et déterminés pour se sauver eux-mêmes, en accord avec les enseignements de l'Islam, Allah les a aidés à vaincre leurs ennemis et à édifier une grande et puissante civilisation musulmane. Quel effort avons-nous fait nous-mêmes avec les ressources qu'Il nous a données ?
Mohamed Mahathir, à l’instar du Coran, nous montre que ce sont les questions qui éduquent l’esprit, le réveillent et le poussent à chercher les solutions et non le prêt-à-penser unanimiste qui dicte une certitude sur une opinion ou une lecture partielle du Coran :
« Le Savoir consiste en des coffres dont les clés sont la question. Posez donc des questions, qu'Allah vous entoure de Sa Miséricorde, car IL récompensera quatre catégories de personnes: le questionneur, le locuteur, l'auditeur et celui qui aime ces trois catégories » Hadith
La vérité historique est flagrante : l'empire ottoman et les confréries pseudo soufies sont une des causes des malheurs des Musulmans. Les Arabes ont joué un rôle contre les Ottomans car ils croyaient trouver un peu de vérité dans la fausse promesse des Anglais de les aider à se libérer du joug ottoman et de plus ils étaient religieusement médiocres sans lecture stratégiques mais avec cette tragédie de s'allier avec les Kuffars transgresseurs contre les Musulmans. Le même scénario déjà joué comme en Libye maintenant.
La troisième est l’anathème jeté sur toute pensée et tout homme qui sort du consensus des traditions. Nous voyons les anciens dirigeants du FIS se réjouir de la mort de Kadhafi sans faire une étude de son œuvre, sans avoir lu une ligne de son livre vert et sans dénoncer l’agression de l’Otan et le jeu macabre sur une créature de Dieu agonisante ou morte. On est en droit de dire que ceux qui se réclament de l’Islam s’ils ne se libèrent pas eux-mêmes de la médiocrité de leur pensée fossilisée, de leurs préjugés et de leur pensée unique ce ne sera pas le Khalifat mais Satan qui va régner sur terre avec une gandoura, une longue barbe et un chapelet de mille perles entre les doigts. Ainsi Abassi Madani, docteur en psychologie comparée, ancien Moujahid, exilé de son pays ne tirent aucune leçon de la tragédie algérienne ni de l’arbitraire de ses décisions et de son despotisme sur son parti qui s’est fragmentés en atomismes sans précédents. Vivant au Qatar membre de la coalition des agresseurs de la Libye la pudeur islamique interdit de se taire ; l’intelligence islamique ordonne de voir l’horizon de gauche à droite et d’agir en conformité avec la sagesse arabe « si tu habites au maison de verre ne donne pas de pierres à ton voisin ». Si les éradicateurs se réjouissent de la stupidité des élites musulmanes ceux qui ont donné le sang, la sueur, les larmes, la liberté et l’argent des leurs pour une « Dawla islamiya » se tordent de douleur devant l’opportunisme et l’aveuglement.
Malek Bennabi a montré que nous portons toujours la colonisabilité qui nous rend en situation d’acceptation du Taghut et du colonialisme et tant que nous n’opérons pas une rupture avec cette culture nous resterons gouvernants, gouvernés et opposition dans le Wahn qui permet à l’impérialisme de nous confisquer nos révolutions, nos richesses et nos mentalités pour les remplir de ce qui fabrique encore du Wahn. Malek Bennabi avance une autre raison parmi les multiples raisons de la stagnation des sociétés musulmanes : elles sont devenues primitives dans le sens où elles sont dans une relation fétichiste à la chose, à l’homme mais dans une ignorance totale de la science et du devoir qu’implique la foi :
« Quand une société primitive met des tabous autour de ses traditions, de ses convictions, de ses goûts, de ses usages, ce qui est risible là-dedans - à supposer qu'il y ait quelque chose de risible - ce n'est pas le tabou mais le vide culturel, l'inculture qu'elle défend, c'est-à-dire l'ensemble de causes qui maintiennent cette société en stagnation.». C’est tromper les Musulmans que de leur proposer une tâche au dessus de leur moyens intellectuels, religieux et logistiques. C’est être à leur service que de les éduquer et les préparer à la renaissance civilisationnelle en leur faisons prendre connaissance de leurs tares et des boulets qui les rendent inertes et sans efficacité. Tout le Travail de Mohamed (saws) a été un travail de déconstruction de l’homme de la Jahiliya puis une reconstruction de l’homme musulman. On ne construit pas l’Islam sur des sables mouvants, sur de l’ignorance sédimentée ou sur le tabou comme culture et comme idéologie. Casser les tabous c’est se mettre au service de la vérité et ne rien attendre des gens. J’ai vécu les événements en Libye depuis le premier jour cherchant la vérité moins évidente qu’en Tunisie et qu’en Égypte et puis j’ai pris parti alors que la majorité était dans l’euphorie de ce que j’ai appelé l’impossibilité historique et sociale du transfert des révolutions d’une manière mécanique à la lumière de l’étude des trois révolutions, celle des Français, des Bolchévique et des Iraniens. Une révolution doit être mâchée et digérée par les siens puis conceptualisée ailleurs avant de renaitre sous une autre forme et dans d’autres conditions en d’autres lieux et d’autres temps. Allah m’a permis d’écrire un Livre « Les Révolutions arabes : Mystique Mystification ? » comme une sorte de baromètre moral, spirituelle et idéologique. Le temps m’a fait connaitre un hadith que j’ignorais et qui renforce ma conviction d’avoir dénoncé les charlatans qui ont instrumentalisé l’Islam au profit des agendas anti islamiques :
« Quiconque assiste à un événement et le désapprouve, sera considéré comme s'il en était absent, et quiconque est absent d'un événement, mais l'approuve, il sera considéré comme s'il y assistait »
La quatrième est la corruption. Mohamed El Ghazali a annoncé le déluge qui allait suivre le colonialisme et averti du danger qui guette le monde musulman : «
L’expulsion des colonisateurs-voleurs est une obligation inéluctable pour chaque musulman, car le colonialisme a deux mâchoires : la corruption, à l’intérieure, et l’agression venant de l’extérieur. Et entre les deux mâchoires sont broyés les opprimés. Un coup mortel contre ces deux mâchoires portera secours à des milliers de suppliciés, à des milliers d’opprimés. C’est vers ce but magnanime que j’ai consacré ma vie. Car nul de nos jours ne peut fermer les yeux sur l’expansion de la corruption. L’occupant, les colonisateurs, se sont infiltrés dans toutes nos affaires, et chaque fois qu’une tentative de restauration commençait, ils s’empressaient de mettre les obstacles. ». La plus grande corruption est de faire du savoir religieux une rente qui donne notoriété, richesse et privilège. Le savant au lieu d’être au service du peuple il devient une servitude au profit de son ego flatté par les despotes et les colonisateurs qui savent l’entourer de « conseillers » et de « conseils ».
La cinquième est l’absence de cadre idéologique et de ligne d’orientation. Sénèque l’Ancien a bien résumé les défaillances et les carences de nos appareils politiques, idéologiques : « Il n’y a point de vent favorable pour celui qui ne sait où aller… Un voilier dans la tempête a besoin d’un capitaine, d’une carte de navigation, d’une boussole, d’un cap et d’une vigie ». Nous conduisons nos neurones, nos pays et nos peuples sans repères, sans normes, sans transparence et sans compétence. Sur des jolis mots nous brodons un conte fantastique sans lendemain sans solutions à nos cauchemars diurnes et nocturnes. Tant qu’on n’a pas compris quels sont les obstacles mis devant notre Nahda leur mode opératoire nous resterons des perroquets savants et confus qui d’ailleurs ont lassé le peuple sauf ceux qui veulent continuer de rêver à une victoire sans Jihad ni Ijtihad.
La sixième est le despotisme enraciné dans notre culture. Moïse a libéré son peuple mais celui-ci trop habitué à l’asservissement ne sachant pas quoi faire de sa liberté et de sa prospérité a préféré suivre le Samari et son veau d’or ou renoncer aux délices et aux mannes célestes pour renouer avec leur ancienne condition de bouffeurs d’oignon et de pois chiches :
{Et Nous vous Ombrageâmes de nuages et vous Fîmes descendre la manne et les cailles : « Mangez des délices que Nous vous Avons Octroyés ». Ils n’ont point été injustes envers Nous, mais c’est envers eux-mêmes qu’ils étaient injustes. Et lorsque Nous Dîmes : « Entrez dans cette cité et mangez-y, où vous voudrez, ce qu’il y a de meilleur; mais franchissez la porte, prosternez-vous et dites : « Halte et repentir حطّـة», Nous Pardonnerons vos péchés et Nous Augmenterons à ceux qui font le meilleur. Alors ceux qui ont été injustes falsifièrent des paroles, autres que ce qui leur a été dit. Alors Nous Fîmes Descendre sur ceux qui ont été injustes, un supplice du ciel, en raison de ce qu’ils pervertissaient. Et lorsque Moïse cherchait à boire pour ses gens et Nous Dîmes : « Frappe la pierre de ton bâton ». Alors douze sources en jaillirent, et chaque groupe a su d’où boire. Mangez et buvez des subsistances d’Allah et ne ravagez pas de par la terre en corrompant. Et lorsque vous dites : « O Moïse! Nous ne supporterons pas d’avoir une seule nourriture; invoque- nous donc ton Seigneur afin qu’Il nous Fasse Pousser de ce que produit la Terre, de ses potagers, ses concombres, son ails, ses lentilles et ses oignons ». Il dit : « Est-ce que vous échangez ce qui est meilleur contre ce qui est moindre ? Descendez à l’une de ces cités où vous aurez, certes, ce que vous avez demandé ». Et l’humiliation et la misère leur furent imposées, et ils encoururent une colère d’Allah. Et cela, parce qu’ils mécroyaient en les versets d’Allah et tuaient les Prophètes sans juste cause. Et cela, en raison de ce qu’ils se rebellèrent et qu’ils agressaient.} Al Baqara 57
L’ingratitude et la prétention de changer ce qui est bien en le détruisant par la prétention arrogante d’apporter mieux sans en être capable ni en avoir préparé les conditions objectives et subjectives est une forme de péché qu’Allah châtie dans ce monde en privant les ingrats, les crédules et les arrogants de Sa Bénédiction :
{Et Allah Fournit une parabole : une cité qui était sécurisée, confiante, qui recevait sa subsistance en abondance, de toute part, puis elle se montra ingrate envers les Bienfaits d’Allah, Allah alors lui Fit subir les affres de la faim et de la peur en raison de ce qu’ils œuvraient.} An Nahl 112
L’ingratitude envers Allah et le despotisme envers les peuples sont nos véritables ennemis et tant qu’on n’a pas réglé sur le plan du Fiqh et sur le plan du sentiment personnel et de la mémoire collective dans chaque pays arabe et Musulman faire rêver les peuples d’un Khalifat sur les décombres d’un ancien système sans l’émergence d’une part du droit et de la Justice dans les institutions et d’autre part du sentiment « démocratique islamique » refuser d’être opprimé et d’être oppresseur c’est vendre du leurre et tourner le dos à la réalité flagrante. Le scénariste Borges a raison de dire :
«Les dictatures fomentent l’oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu’elles fomentent l’idiotie». Si nous ne voyons pas le triomphe de l’idiotie dans le pouvoir, dans la société et même dans les forums fréquentés par les Musulmans c’est que soit même on est atteint de myopie mentale ou un agent de l’impérialisme qui cultive la polémique, l’apologie béate et l’attente messianique. La dictature il ne faut pas la voir seulement sur le plan politique, économique, intellectuelle et religieuse dans les appareils du pouvoir en place il faut oser la voir dans l’opposition à ce pouvoir et dans les savants religieux. Chacun des membres les plus en vue dans l’élite musulmane est pris dans une logique manichéenne et mortifère soit un gourou à adorer soit Satan à maudire mais jamais un homme avec ses forces et ses faiblesses. Nos mosquées sont devenues comme des Églises avec un clerc au dessus de la mêlée s’adressant comme le détenteur de la vérité absolue et de la vertu parfaite s’adressant à un auditoire médiocre. Il faut lire les Hadiths du Prophète pour voir la vitalité des musulmans qui posent des questions et le Prophète apporter des réponses ou voir Abou Bakr, Omar Ibn Al Khattab, Ali Ibn Abi Taleb se faire interpeller par la communauté d’orant avec discipline et interaction vivifiante. Un des Livres qui m’a le plus frappé parmi les anciens est « Sayd al Khawatar » la pêche aux idées ou la pensée vigile de l’imam Ibn Al Jawziy avec son esprit critique, ses doutes, ses craintes.
Sur ce terrain de la dictature et acceptant que Kadhafi soit un despote sanguinaire, rien n’autorise de faire de sa mort programmée par l’OTAN et achevée devant les caméras des portables par des monstres osant mettre sur leurs bouches souillées et profanatrices le nom d’Allah. Toujours sur ce terrain, s’il faut combattre et renverser un despote musulman nous avons une religion qui nous interdit de nous allier avec un mécréant contre un mécréant car la vérité ne peut se mêler au mensonge sans être souillée et profanée par le faux et ses partisans. Allah Tayyib (Bon et Beau) il n’accepte que le Tayyib. Celui qui combat derrière un étendard de Jahiliya (obscurantisme, confusion, non islam) meurt comme un mécréant. Kadhafi est mort et enterré, le CNT sera balayé par l’OTAN pour mettre en place les administrateurs de la Libye vassalisée ou mise en guerre tribale sur des décennies. Pour les CNT d’ailleurs et leurs partisans qui veulent prendre leur revanche en montant sur le cheval de l’Otan qu’ils sachent la vérité venant de leur Prophète :
« Huit types d'individus ne doivent blâmer qu'eux-mêmes, s'ils sont insultés: quelqu'un qui se rend à une table à laquelle il n'est pas convié; un invité qui complote contre son hôte qui l’a invité; quelqu'un qui demande un bienfait à ses ennemis; quelqu'un qui sollicite une faveur à des gens ignobles; quelqu'un qui essaie d'entrer dans le secret de deux personnes qui ne l'ont pas autorisé à y fourrer le nez; quelqu'un qui se moque de l'Autorité, quelqu'un qui assiste à une séance dont il est indigne, quelqu'un qui parle à quelqu'un d'autre qui ne l'écoute pas »
Al Albani a donné une réponse simple sur le Jihad lancé par les savants de palais des monarchies contre un tyran musulman (Saddam Hussein) et justifiant le recours à l’armée américaine :
« Allah vous a demandé de lutter sans recourir aux mécréants et il vous a demandé de préparez tout ce qui est en votre possibilité avant de livrer bataille. Qu’avez-vous préparé comme forces contre Saddam ? Si jamais vous devez blâmer quelqu’un c’est vous mêmes ».
Dans l’hypothèse ou Kadhafi serait un dictateur, un sioniste, un vaurien ou un martien nos partisans du Jihad se sont-ils préparés comme l’exige le Fiqh al Jihad pour lutter contre Kadhafi ou ont-ils été préparés par les Mécréants comme justificatifs de leur agression ? Le peuple libyen était-il acquis à la cause des insurgés ou de Kadhafi ? Les soldats loyalistes, les fonctionnaires et les citoyens libyens qui ont été massacrés par centaines, par milliers, par dizaine de milliers peut-on les considérer comme des mécréants, comme les soldats de pharaons ? La Charia islamique qui exige de ne pas changer un mal par un mal pire que le précédent a-t-elle été respectée ? Qui et au nom de quels principes sera capable de faire face au peuple libyen qui viendra le Jour du Jugement dernier demander pourquoi il été terrorisé, tué et spolié ? Allah répondra avec Justice et équité. Nous ne pouvons faire l’impasse sur les principes de priorités que le Fiqh islamique a construit depuis des siècles dont notamment repousser la nuisance est prioritaire sur s’attirer sur le plus grand avantage. Nous ne pouvons oublier que nous serons interrogés par Allah, lorsqu’on est guide d’un mouvement qui appelle à la Charia, sur l’observance de ce Hadith qui interdit l’improvisation et l’aventurisme :
« Lorsque tu te trouves face à une décision à prendre, réfléchis-y bien; si tu juges (après réflexion) qu'elle débouchera sur un résultat satisfaisant, prends-la, et si tu crains qu'elle ne t'amène à l'égarement, abandonne-la »
Pour ceux qui sont fascinés par le mot Charia sans en connaitre le contenu et qui se mettent en extase dès que les termes Khalifat, Charia Dawla islamiya sont évoqués comme si en eux-mêmes mêmes ces mots ont un pouvoir magique, enivrant ou anesthésiant ou intrinsèquement signifiant. Ils ont le même comportement sur la « la démocratie est Kofr ». Prenez garde à Allah et examinez les contenus et les modalités d’application. Mettez sur une balance équitable ce que Kadhafi a apporté à la Libye et aux Africains dans son contexte idéologique historique, social, politique et géographique et ce que l’Arabie saoudite et le Qatar ont apporté à l’Islam et aux Musulmans. Puis refaites l’opération inverse en termes de nuisance aux ennemis de l’Islam. Prenez une feuille de papier et évaluez en votre âme et conscience et n’oubliez pas la vérité et l’impartialité :
« Demande-toi des comptes avant qu'on te les demande, car ce sera plus facile pour toi, lorsque tu seras interrogé demain; mets-toi dans la balance avant qu'on ne t'y mette et prépare-toi pour la Grand Exposition, où rien ne pourra être caché à Allah! »
Au-delà de la mort d’un homme et de la violence faite à un peuple nous sommes tenus devant la médiocrité affligeante des nôtres de leur rappeler inlassablement de voir loin et profondément l'intelligence des sionistes et des services de l’impérialisme qui interviennent pour nous vendre des boniments. Une grande partie de la riposte à la lutte idéologique menée contre notre Dine et nos peuples est de supporter la médisance et de continuer inlassablement à clarifier, à inviter à débattre, à pousser à aller lire ce que dit clairement le Coran pour mettre en éveil la conscience et ne plus être un jouet manipulé ou détraqué. Ce sont toutes ces vérités et d’autres qu'il faut expliquer aux autres, chacun selon ses moyens et son auditoire. Dans le pire des cas se convaincre soi même pour vivre l’adversité avec lucidité et recevoir en conséquence l’agrément et la récompense d’Allah :
« Vous n’aurez point la foi tant que vous n’aurez pas transmis l’amour de la vérité »
« Quiconque parmi vous voit un acte détestable, qu'il essaie de le changer avec sa main, et à défaut avec sa langue, sinon, et c'est dans le pire des cas, avec son cœur. »
L'impérialisme connait les causes de notre décadence et les a exploités et il continue à les entretenir. Il en faut pas avoir peur de dénoncer nos propres fautes et nos propres trahisons. Les simplistes et les profiteurs de la situation s'imaginent que la critique nous fragilise oubliant que notre ennemi connait tous nos défauts. Satan coule dans nos veines comme il coule dans leurs veines et ils connaissent notre intimité la plus cachée car ils sont sataniques et il faut l’avouer ils ne sont pas paresseux, ils se sont investis dans la domination du monde alors que les plus éveillés parmi nous ne cherchent pas à comprendre le Coran et en faire notre méthodologie de défense mais juste à écouter une belle mélodie ou quelques versets pour séduire un auditoire ignorant et crédule.
Je répète cette règle simple : le colonialisme nous a colonisé car il connaissait nos défauts et en nous colonisant il a ajouté ses propres défauts à nos anciens défauts. Aujourd'hui nous portons deux tares, nos anciennes et celles du colonialisme (sa culture, son administration, etc.) Pour continuer à nous dominer il fait ce la logique élémentaire lui demande de faire : cultiver ces deux défauts, donner du champ libre à ceux qui cultivent ces défauts mais il n’est pas stupide il veille à son confort en écartant ceux d’entre nous qui appellent à voir nos défauts pour les corriger et revenir à l'Islam authentique sans légende, sans mythologie, sans fabulation, sans apologie, sans polémique, sans donner plus ou moins à ce que dit le Coran. Nous voyons certains d’entre nous s’écarter du Coran et diviniser Mohamed (saws) oubliant qu’il ne peut pas remplacer le Coran il est l'incarnation du Coran. C'est le Coran qui a formaté le moi mohammadien et non l'inverse. Notre méthodologie est fausse. Il faut tout reprendre. La Sunna ne vient pas compléter le Coran ce qui suppose le Coran imparfait et incomplet mais elle est la traduction vivante du Coran. Elle doit continuer à être la traduction vivante du Coran en faisant de ce Coran le projecteur qui éclaire la réalité et montre comment y faire face.
On m'a reproché de publier un article sur le Khalifat, la monnaie or et l’antéchrist au moment de la mort de Kadhafi. Le sionisme est aux aguets il veut nous voir en deuil pendant quarante ans errant dans le désert et nous querellant sur l’Apocalypse. Contrairement à nous il ne leur manque pas l'intelligence de lier les événements et ils ont compris que j’ai fait le lien et que je n’ai pas attendu de livrer la bataille idéologique alors que le sang de nos morts est encore chaud. Les crétins se réclamant de l’Islam pensent que Kadhafi était l'obstacle au Khalifat et ils croient qu'une coalition de 40 pays judéo chrétiens avec les sionistes arabes va les laisser constituer une base de déploiement du Khalifat libyen. Ils sont eux mêmes les artisans de la désinformation. Aujourd'hui il a deux batailles : une militaire en Afghanistan et une idéologique en Égypte. J'espère que les jeunes FM seront moins médiocres que leurs ainées et qu'ils feront de l'Égypte le centre de gravité de l'Afrique du Nord s'ils composent pendant 10 ou 15 ans avec les nassériens le temps de se renforcer et voir l'impérialisme s'affaiblir et le sionisme isolé et contraint de livrer bataille de survie sans le soutien de la communauté de brigands prise au piège de ses appétits colonialistes et de sa haine contre l’Islam.
Logiquement, maintenant que Kadhafi s’est effacé en tant que personne les contradictions de la société libyenne vont se cliver rapidement et pousser les libyens à faire face à la guerre mené contre eux. Kadhafi mort sera plus dangereux car il va entrer dans la légende avec Omar Al Mokhtar avec ce testament de Kadhafi qui ouvre une nouvelle page que vont écrire les Libyens demain ou après demain :
«
Que le peuple libyen sauvegarde son identité, ses réalisations, son histoire et l’image de ses ancêtres et ses héros et qu’il ne soit pas attaqué dans les sacrifices de ses hommes libres.
- Que continue la résistance à toute agression étrangère subie par la Jamahiriya, aujourd’hui, demain et pour toujours.
- Que soient convaincus les hommes libres de la Jamahiriya que nous aurions pu monnayer, avec notre cause, une vie personnelle meilleure, stable et en sécurité. Nous avions eu tant de propositions, mais nous avons choisi d’être au front par devoir et honneur. Et même si nous ne gagnons pas aujourd’hui, nous allons offrir une leçon aux générations futures pour qu’elles puissent gagner, car le choix de la Nation est la bravoure et la vendre est une trahison que l’Histoire retiendra ainsi et pas autrement. »
Les Libyens n’ont pas d’autres solutions que de soutenir tout mouvement prônant la résistance au nom de valeurs sacrées, promettant de défendre leurs droits à la liberté et à l’indépendance. La résistance n’est pas facile et elle a ses détracteurs mais elle est le choix incontournable, elle est la Sunna de Dieu
pour tous les peuples colonisés et opprimés. Les Vietnamiens, les Algériens, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens et tant d’autres l’ont choisi sans gaité de cœur mais en connaissance du tribut à payer et avec la volonté d’en assumer l’entière responsabilité morale, politique et sociale :
{Le combat vous a été prescrit et c’est une abomination pour vous; mais il se peut que vous haïssiez quelque chose et que ce soit un bien pour vous, et il se peut que vous aimiez quelque chose et que ce soit un mal pour vous. Cependant, Allah Sait et vous ne savez pas. Ils t’interrogent sur le combat durant le mois sacré, dis : « Y combattre est une lourde coulpe, éloignement de la cause d’Allah et reniement envers Lui et la Mosquée Sacrée. Mais en expulser ses habitants est davantage plus grave pour Allah. La sédition est plus grave que le meurtre ; et ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à ce qu’ils vous détournent de votre Religion, s’ils le peuvent. Et celui qui apostasie d’entre vous de sa Religion et qui meurt en étant mécréant : ceux-là alors vaines seront leurs actions dans le monde et dans la vie Future; ceux-là sont les condamnés au Feu; ils s’y éterniseront. Certes, ceux qui sont devenus croyants et ceux qui ont émigré et lutté pour la cause d’Allah, ceux-là espèrent la Miséricorde d’Allah; et Allah Est Pardonneur, Miséricordieux. } Al Baqara 216
J’avais évoqué dans un précédent article sur la Libye la fin inévitable de Kadhafi devant un rapport de force ou vaincre relève du miracle. J’ai évoqué que l’Occident agresseur va se trouver face à deux ennemis qui peuvent se réconcilier ou livrer bataille séparée contre lui en deux camps et en plusieurs fronts. Le premier camp est Al Qaeda qui trouve en la Libye un nouveau champ d’opération pour épuiser et faire saigner les troupes de l’OTAN obligées de livrer bataille sur plusieurs fronts jusqu’à l’effondrement de leur logistique et de leur résistance morale dans une conjoncture économique difficile où la Russie et la Chine ont grand intérêt à affaiblir l’occident anglo-saxon et latin. Al Qaeda dispose d’un arsenal militaire qui lui est tombé du ciel. La question est ce que Al Qaeda va se retourner contre les Américains comme ils se sont retournés contre elle ou au contraire servir leur dessein et aller faire la jonction avec Aqmi et déstabiliser la région en s’attaquant à la Tunisie et à l’Algérie les plus vulnérables en ce moment. Dans l’autre camp on va retrouver la résistance populaire islamo nationaliste et loyalistes à Kadhafi contre l’oppresseur, pour défendre sa terre, sa dignité, sa foi et sa liberté, sans calculs mondains et sans compromission.
La Russie a intérêt à un enlisement en Libye pour sauver la Syrie. La Chine au même intérêt pour sauver ses intérêts en sauvant son approvisionnement et le Pakistan son allié contre l’Inde. L’Iran par la voix de son président iranien Mahmoud Ahmadi Nejad a appelé mardi les Libyens à s'unir pour empêcher une domination occidentale sur leur pays, lors d'un discours diffusé par la télévision nationale iranienne. Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a également exprimé son intérêt sur la souveraineté nationale des Libyens et à l’instauration d’un régime basé sur la démocratie islamique sans aucune influence et interférence des forces étrangères. Le monde se reconfigure selon les lois divines qui gouvernent l’histoire humaine. Nous y jouons pour l’instant un rôle d’auxiliaire même si notre territoire est le lieu des confrontations, des démembrements et des souffrances. Si on se libère de la culture messianique et eschatologique pour revenir à ce qu’Allah nous a donné comme Coran et comme intelligence pour comprendre et agir on serait en mesure d’agir sur les causes, les enchainements des phénomènes objectifs et subjectifs cette fois ci en notre faveur :
{Ou bien pensiez-vous entrer au Paradis sans avoir été éprouvés comme ceux qui disparurent avant vous ? Ils ont été atteints par le malheur et l’adversité, et furent ébranlés jusqu’à ce que le Messager dit, et ceux qui sont devenus croyants avec lui : « A quand la victoire d’Allah ? » Or, la victoire d’Allah est sûrement proche !} Al Baqara 214.
Nous allons entendre les mêmes voix qui se sont élevées contre la résistance du HAMAS dans une rhétorique qui n’a d’égale que la trahison qui l’inspire :
« La résistance n’apporte que la mort au peuple, une telle résistance on n’en veut pas ».
{Alors Il vous Rétribua souci pour souci, afin que vous ne vous affligiez point sur ce que vous avez manqué, ni sur ce qui vous a atteints. Allah Est parfaitement Renseigné sur ce que vous faites. Ensuite, après le souci, Il Fit Descendre sur vous une sécurité : un sommeil qui enveloppa un groupe d’entre vous. Tandis qu’un autre groupe : ils se souciaient d’eux-mêmes, et pensaient d’Allah autre que la vérité : des pensées préislamiques. Ils disaient : « Sommes-nous pour quelque chose en cela ? » Dis : « Toute l’affaire dépend d’Allah ». Ils cachent en eux-mêmes ce qu’ils ne te manifestent point. Ils disent : « Si nous avions une part dans l’affaire, nous ne serions pas tués ici même ». Dis : « Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui il a été décrété d’être tués auraient surgi sur leur couche ». Et cela, afin qu’Allah Éprouve ce qui est dans vos poitrines, et Purifie ce qui est dans vos cœurs. Allah Est Omniscient de l’essence des pensées.} Al-’imrane 153.
Eux qui ont été leurrés par le CNT vont fatalement être confrontés à une vérité qui va venir du fond de leur conscience religieuse ou du fond des gorges des véridiques qui va les pousser à fuir comme Caïn, s’enfoncer dans la trahison jusqu’à perdre leurs âmes ou révéler un héroïsme de repentis qui veut rencontrer Allah avec ses fautes et ses erreurs effacés :
{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez pas Mon ennemi et votre ennemi comme protecteurs, quand vous sortez lutter pour Ma Cause et que vous recherchez Mon Agrément, en leur faisant preuve d’affection, alors qu’ils ont mécru en ce qui vous a été Révélé de Vrai : ils expulsent le Messager, et vous-mêmes, pour avoir été croyants en Allah votre Seigneur. Vous leur faites preuve d’affection secrètement, et Je Suis Plus-Scient de ce que vous avez caché et ce que vous avez manifesté. Et quiconque le fait, d’entre vous, aura perdu la rectitude de la Voie. S’ils vous saisissent, ils seront des ennemis pour vous : ils tendraient sur vous leurs mains et leurs langues, avec le mal, et souhaiteraient que vous mécroyiez. Vos parents ne vous serviront à rien, ni vos enfants. Le Jour de la Résurrection, Il Tranchera entre vous. Allah Est Omnivoyant ce que vous faites.} Al Mumtahana 1
{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point les Juifs et les Nazaréens comme protecteurs. Ils sont protecteurs les uns des autres. Quiconque d’entre vous les prendrait comme protecteur, il sera des leurs. Certes, Allah ne Guide point les gens injustes. Ainsi, tu vois ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs s’empresser vers eux, disant : « Nous craignons qu’un malheur ne nous frappe ». Mais Allah Apportera la Victoire, ou une chose de Sa Part. Alors ils auront du remords pour ce qu’ils ont dissimulé dans leur for intérieur. Et ceux qui sont devenus croyants disent : « Sont-ce ceux-là, ceux qui ont juré par Allah, de tous leurs serments, qu’ils sont avec vous ? ! » Vaines ont été leurs œuvres, alors ils furent des perdus. O vous qui êtes devenus croyants, quiconque d’entre vous renie sa Religion, Allah Fera venir des gens qu’Il Aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des mécréants, qui luttent pour la Cause d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un contempteur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut. Allah Est Tout-Largesse, Omniscient. Toutefois, votre Protecteur est Allah, son Messager et ceux qui sont devenus croyants : ceux qui accomplissent la prière, qui s’acquittent de la Zakat, tout en étant modestes. Et quiconque prend comme Protecteur Allah, Son Messager et ceux qui sont devenus croyants : c’est le Parti d’Allah qui sont les vainqueurs. O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point comme protecteurs ceux qui tournèrent votre religion en dérision et en moquerie, d’entre ceux à qui le Livre fut Révélé avant vous, ni les mécréants. Et craignez Allah, si vous êtes croyants. Et quand vous appelez à la prière, ils la tournent en dérision et en moquerie : cela, en raison de ce qu’ils sont des gens qui ne raisonnent point.} Al-Maidah 52.
{Allah ne vous Interdit pas – envers ceux qui ne vous combattent pour votre religion, et ne vous chassent pas de vos demeures, – d’être bienfaisants et équitables envers eux. Certes, Allah Aime ceux qui sont équitables. Mais Allah vous Interdit de prendre comme protecteurs ceux qui vous combattent pour votre religion, qui vous chassent de vos demeures, et qui aident à vous expulser. Et quiconque les prend comme protecteurs, ceux-là alors sont les injustes.} Al-Mumtahana 9.
Il est interdit de tisser des relations ou de maintenir les relations existantes avec les criminels qui déclarent la guerre contre des innocents pour la seule raison qu’ils ont une foi à défendre, une liberté à exprimer, un bien à défendre, une terre à libérer, une valeur à vivre. Il y a des situations plus abominables que de conserver une liaison avec le criminel, celles où on déploie d’effort d’imagination pour lui trouver justification et l’absoudre de ses crimes. L’académicien français Jean Dutourd, résistant contre l’occupation allemande, deux fois emprisonné par les nazis, sait de quoi il parle quand il écrit :
« Les crimes deviennent vraiment abominables quand on en est réduit à plaindre l'assassin ». Dans cet effort de lecture du monde il est important d’avoir les instruments de lecture c'est-à-dire maîtriser l’écriture pour en déchiffrer les signes, la symbolique et le sens si on veut que la parole qui sort de son mutisme ne soit pas verbiage mais engagement. Dans ses mémoires le Général De Gaule l’énonce admirablement : «
Je parle. Il le faut bien. L’action met les ardeurs en œuvre. Mais c’est la parole qui les suscite.» Il exprime le devoir du résistant comme le faisait le Prophète sur injonction coranique :
{Et incite les croyants, puisse Allah mettre fin à la guerre de ceux qui devinrent mécréants.} An Nissa 84
Blaise Pascal dans les Pensées à laissé cette sentence magistrale :
« Le silence est la plus grande persécution ; jamais les saints ne se sont tus. ». Si les Palestiniens, les Afghans et les Libyens se taisent ce sont les sionistes et les impérialistes qui vont être sanctifiés.
Nous sommes donc invités à revoir la guerre non pas sous l’angle de la logique du rapport des forces sur le terrain mais sous l'aspect stratégique et philosophique. Faisons appel à quelques penseurs, parmi les derniers grands philosophes du monde occidental qui osent parler de l’homme et non des choses. Le dissident soviétique Yevgeny Yevtushenko qui a brisé le mutisme imposé par le stalinisme a prononcé un principe de la lutte idéologique de l’oppresseur contre l’opprimé :
« Lorsque la vérité est remplacée par le silence, le silence devient un mensonge ». Les élites arabes et musulmanes doivent s’inscrire dans une lutte stratégique contre le sionisme et le colonialisme tout en soutenant les mouvements de résistance quelque soit leur couleur politique et leur appartenance religieuse ou idéologique. Il serait absurde voire suicidaire de continuer d’attendre la solution messianique.
Le français Alexis Philonenko dans « Essais sur la philosophie de la guerre » décrit la même théorie et les mêmes pratiques que le colonisateur, l’agresseur, l’oppresseur ou l’esclavagiste utilise contre le colonisé, l’agressé, l’opprimé ou l’esclave. Lisons quelques lignes d’Alexis Philonenko en les confrontant à la réalité dans le monde musulman :
«
La victoire n’est obtenue que lorsque la possibilité d’une réplique a disparu. Le secret de la guerre c’est le silence de l’adversaire. Il ne s’agit pas seulement de silence physique, mais aussi et surtout du silence moral et psychologique. Tant que l’adversaire ne se tait pas, il n’est pas vaincu. C’est donc aussi bien l’élimination physique de l’adversaire que son élimination sur le plan du discours qui est recherché dans la guerre ; peut-être l’élimination sur le plan du discours est-elle plus recherchée encore que l’élimination physique… Le « silence » est encore un phénomène du langage, il signifie l’acquiescement donné aux actes d’une volonté étrangère et hostile… C’est lorsque toute possibilité de réplique organisée a disparu que l’ombre de la victoire devient intense et complète… Celui qui parle ou écrit n’est pas encore vaincu. »
Nous avons la réponse philosophique, morale et militaire sur les raisons de l’assassinat de Kadhafi : le faire taire à jamais pour que ni la Libye ni l’Afrique n’écoute sa voix rebelle et résistance qui refuse de se taire. Par la parole, la plume ou le fusil le résistant fait porter sa voix n’en déplaise aux traitres.
Dire ou écrire au-delà de l’inscription de sens « intelligent » ou culturel ou religieux dans le temps et l’espace pour exister, témoigner et transmettre sont aussi produire un acte créateur dans le monde et une inscription symbolique dans l’histoire des hommes et dans la sémantique de leurs langages pour comprendre la finalité de leur existence. Parler ou plus précisément lire, en prolongement de l’acte d’écrire, signifie produire à partir de sa parole et de son écriture des signes signifiants, structurants, véhiculant de l’imagination et des symboles pour interpréter le monde et en tirer la moelle substance pour vivre, survivre ou revivre avec la compétence humaine de dire non au silence en continuant de témoigner, de comprendre, de résister, de s’approprier une histoire, de produire et de diffuser de la mémoire collective qui a du sens. La parole et l’écrit sont des proclamations de résistance contre le mutisme et l’oubli que le silence imposé par la force des armes et de l’oppression exige. Toute proclamation écrite ou parlée de vérité, de témoignage, de mémoire est un acte fédérateur de la communauté qui veut inscrire sa sémantique sociale, culturelle, religieuse et philosophique dans l’histoire. Toute manifestation d’appartenance est le chemin vers une implication pour affirmer son identité, ses valeurs, son combat, sa foi. Il est déjà difficile de faire taire une appartenance identitaire et il est encore plus difficile de faire taire une implication dans un acte libérateur.
La parole est sacrée, elle est le canevas des idées, l’énoncé des projets, la proclamation des intentions et le révélateur de l’éthique et de l’esthétique des hommes et des nations. L’imam Ali a saisi, par son intelligence exceptionnelle le sens et la responsabilité de la parole :
« Vraiment, vous serez pris selon vos paroles, ne parlez donc que bien. Vraiment, vous serez rétribués selon vos action, n'agissez donc que bien ». La signification de l’importance de la parole est dans l’existence de plus de 2000 occurrences du verbe dire sans compter les verbes ou substantifs ayant la même signification comme témoigner, transmettre, rappeler. Il est difficile de confiner au silence le musulman nourri au Coran :
{Les Juifs et les Nazaréens ne t’accepteront point jusqu’à ce que tu suives leur confession. Dis : « Certes, la Direction d’Allah est La Direction infaillible»; et si jamais tu suis leurs passions, après ce qui t’a été donné de la Science, tu n’auras en Allah ni Protecteur ni Défenseur.} Al Baqara 120
{O vous qui êtes devenus croyants, forcez votre constance par l’équité comme témoins d’Allah, même à votre détriment ou au détriment des pères et mère ou des proches parents. Fût-il riche ou pauvre, Allah A priorité sur eux deux. Ne suivez donc pas la passion, pour que vous soyez équitable. Et si vous déviez ou vous vous en détournez, Allah A toujours Été parfaitement Renseigné sur ce que vous faites.} An Nissa 135
{Dis : « La fuite ne vous servira à rien, que vous fuyiez la mort ou le combat. Et à ce moment, on ne vous fera jouir que peu de temps ». Dis : « Qui donc vous protégera d’Allah, s’Il vous Veut un mal ou s’Il vous Veut une miséricorde ? » Et ils ne se trouveront, à l’exclusion d’Allah, ni protecteur, ni Défenseur.} Al Ahzab 16
L’islam est dans le cœur des musulmans, il ne peut être déraciné par la force la menace, la corruption ou l’injonction au silence ou à celle de ne pas témoigner. L’islam ne demande pas de parler ou de prendre la parole pour meubler le vide mais pour proclamer la vérité, conseiller, informer, rappeler :
« Dites du bien sinon taisez-vous ! » Hadith
C’est ce mutisme qu’a recommandé le Prophète (saws) aux savants et Muftis qui parlent pour induire la communauté musulmane à l’erreur et à l’égarement. Mohamed (saws) à interdit le bavardage futile comme celui des savants qui pensent occuper l’esprit du musulman à répéter sans arrêt les mêmes questionnements sur les ablutions, sur la fratrie de lait, sur la fin du monde oubliant le devoir de lecture du monde, ses défis et le devoir de la refondation de la fratrie de la foi par l’acte fédérateur que Mohamed (saws) a réalisé dans l’action de libération et dans l’action d’édification. Il ne s’est pas contenté de dire les Musulmans sont frères ou de dire que l’Islam c’est la fraternité il a mis en place l’ingénierie de fraternisation par le travail collaboratif, coopératif, solidaire et par le sentiment d’assistance mutuelle. Cette fratrie agissante il l’a construite en lui interdisant le silence devant le mensonge et l’injustice:
« Quiconque se tait face à l’injustice est un diable muet »
Comment imaginer que par la force inique les musulmans vont taire leur foi et les devoirs qu’elle leur exige. Comment imaginer que la machine de guerre américaine et israélienne peut faire oublier les prophéties qui se sont réalisées : «
`Awf Ibn Malik al-Ashja`i vint voir le Prophète et lui dit : "Ô Messager d'Allah! L'ennemi a capturé mon fils et sa mère est en détresse. Que me recommandes-tu de faire ? Il répondit : "Je te recommande ainsi qu'à elle de dire aussi souvent que vous pouvez : 'Il n'y a de Force et de Puissance qu'en Allah.' La femme dit à son mari : 'quelle chose bénie que celle qu'il t'a demandé de faire !' Ils commencèrent à répéter cela jusqu'à ce que l'ennemi se montre négligent et que le fils parvienne à s'échapper en emportant avec lui un troupeau de 4000 moutons qu'il apporta à son père ». Même dans la détresse la plus sombre et sans moyens de lutte, le musulman dispose d’une force de résistance qui fait tomber les tyrans et vaincre l’opprimé contre son agresseur : l’imploration
« Ô Allah, Toi qui a révélé le Livre et qui est prompt dans le jugement, terrasse ceux qui se sont alliés contre nous ! Ô Seigneur, vaincs-les et fais-les trembler. » «Ô Seigneur ! Nous T’invoquons contre leur mal (littéralement : Nous Te plaçons dans leurs gorges) et dirige-le contre eux-mêmes. Nous nous mettons sous Ta protection contre leurs méfaits.» N’est-ce pas le Prophète Mohamed (saws) l’initiateur de l’invocation du Qunùt qui casse le mur du silence et brise la peur de la parole en faisant de la parole amour pour Dieu et imploration pour préserver sa dignité, sa vie et sa liberté en période de troubles et de faiblesse face à l’assaut des agresseurs. Aucune religion ne dispose de cette force qui donne patience aux civils et accompagne le résistant pour lui procurer patience, fermeté, miséricorde et victoire :
« Mon Seigneur, guide-moi avec ceux que tu guides ; Donne –moi la sécurité avec ceux auxquels Tu la donnes ; Prends-moi en charge avec ceux que Tu prends en charge ; Bénis pour moi ce que Tu m’as donné ; Protège-moi contre Tes pires décisions ; Tu juges et personne ne Te juge ; Ton protégé ne sera pas humilié et celui que Tu hais n’auras pas le dessus ; Tu procures bénédiction et Tu restes transcendant. L’on ne peut t’échapper qu’en se réfugiant auprès de Toi ».
Il ne peut y avoir silence ici ou ailleurs, aujourd’hui ou demain, alors le Coran et la Sunna incitent le musulman à patienter et à persévérer ayant foi en la promesse divine de la victoire
{Et jamais Allah ne donnera une victoire aux mécréants contre les croyants}
« Un groupe de ma communauté restera toujours sur la vérité, ceux qui les délaissent et s’y opposent à eux ne leur nuiront jamais jusqu’à ce que l’ordre d’Allah arrive alors qu’ils sont ainsi. » hadith
Ce débat philosophique sur le contenu et la portée du silence comme objectif stratégique dans la guerre est bien mis en évidence par le représentant de la résistance populaire arabe Hassan Nasrallah qui dit : « je dis : évidemme
nt, l’attitude est une arme. Beaucoup possèdent, dans ce monde arabo-musulman, plus d’armes que nous. Et d’autres possèdent des armes que nous ne possédons pas, mais la question n’est pas une question d’armes ni de fer, ni l’apprentissage de l’art de la guerre, mais il s’agit de la volonté de résister. L’arme véritable, c’est l’attitude que tu prends, celle que tu maintiens, celle pour laquelle tu te sacrifies, et non pas l’attitude où tu te sacrifies pour toi-même, ou bien l’attitude que tu changes dix fois tous les jours. Ce n’est pas non plus l’attitude que tu vends dans la transaction la moins chère. Du Sheikh Raghib Harb, nous avons appris que l’attitude des hommes est une attitude basée sur la connaissance, la volonté, la détermination et la fermeté sur la croyance qui nécessite le sacrifice. Pour cette attitude que nous prenons et à laquelle nous croyons et à laquelle nous appelons les gens au sacrifice, nous devons nous sacrifier et être avec eux, nous ne les appelons pas au sacrifice pour dilapider ou vendre leurs sacrifices sur les marchés des bestiaux.
Et nous nous rappelons de Sheikh Raghib Harb lorsque nous voyons ce qui se passe avec nos frères en Palestine : un peuple entier est encerclé, humilié et affamé et on leur dit, vous n’avez pas le droit de recevoir de l’argent, ni de manger du pain, ni d’avoir la sécurité, sauf si vous reconnaissez Israël. Il est demandé à un peuple de reconnaître celui qui lui a pris sa terre et ses lieux saints, qui a occupé ses champs, ses fermes, ses villes, ses maisons, à Haïfa, à Yafa, dans le nord, dans le centre, au sud et en Cisjordanie. « Si tu ne reconnais pas la légitimité de celui qui t’occupe, celui qui a usurpé ta terre, celui qui t’as tué, tu n’auras que la faim, le siège et les listes du terrorisme, l’incitation mondiale et les insultes, avec des fleuves de menaces et de pratiques hostiles ». Sheikh Raghib Harb, dans le sud, avait une attitude claire : « Tuez-nous, détruisez nos maisons sur nos têtes, faites de nous ce que vous voulez, incendiez nos champs, nous ne vous reconnaîtrons pas, nous ne vous serrerons même pas la main » car serrer la main signifie reconnaître. C’est là une des expressions de l’injustice historique contemporaine, qu’on t’impose : remettre le titre de propriété de ta maison à celui qui l’occupe par la force, à celui qui a violé ton épouse, a tué tes enfants, tu dois lui remettre ta maison et ta terre et que tu lui reconnaisses publiquement tout cela. Y a-t-il une oppression, une humiliation, un affront, une injustice, un asservissement plus grands ? A un niveau moindre, même si ce peuple ne prend pas l’initiative de libérer sa terre et qu’il attend des années et des décennies, ne portant pas les armes, ne luttant pas, ne revendiquant pas son droit, ils lui refusent même cela. Ce qu’ils veulent, c’est qu’il reconnaisse ses usurpateurs. Sheikh Raghib Harb nous a appris et l’a enseigné à toute la nation et non aux Libanais seulement. Dans certaines situations, nous nous taisons, et si notre situation n’est pas confortable, nous ne reconnaissons pas et n’abandonnons pas nos droits, ni notre terre, ni notre souveraineté, ni nos prisonniers, ni nos lieux saints. »
Toute la problématique du rapport entre l’oppression et la résistance à l’oppression se résume à ce mot « dire » c'est-à-dire rompre le silence. Dire est primordiale mais il ne s’agit pas de dire n’importe quoi. Les mots comme le dit le penseur algérien Malek Bennabi
« ont des titres des vertus, c'est-à-dire une éthique et une efficacité ». Dire est un acte de libération d’abord contre sa propre peur ensuite contre l’oppression qui veut réduire au silence et générer la culture de la peur, de la défaite et de la servitude. Quand le colonialisme ne peut réduire une voix au silence il agit, dans le cadre de la lutte idéologique dans laquelle le colonialisme est spécialisé depuis des siècles, à capter sa voix et la détourner, à la faire porter par un traitre ou un imbécile pour discréditer l’idée, à faire élever des voix dissonantes pour la rendre inintelligible. Il va plus loin il fabrique les « voix de son maître » pour véhiculer des idées mortelles, mortifères ou mortes en leur donnant de la voie et de l’éclat comme un chant de sirène pour captiver les esprits abrutis par la longue nuit coloniale. Le colonialisme, en s’appuyant sur ses valets, va donner au porteur de l’idée noble et généreuse et de la parole qui appelle à la résistance, au réveil des silences, une image de traître notoire agissant contre la société dans laquelle il évolue et qu’il est censé défendre. S’il échoue dans sa tentative il va inverser les rôles en poussant cette fois la société manipulée par les notables, les opportunistes, les gens sans scrupules ou sans conscience sociale ou politique, à trahir ce porteur d’espoir, à la combattre ou à l’abandonner tout seul en espérant le voir sombrer dans le désespoir, dans le nihilisme et pourquoi pas devenir un collaborateur par dépit envers son peuple qui l’a frustré en refusant de l’écouter ou de le suivre. Dans de tels cas la conscience déchirée dans un débat intérieur fermé ou dans un débat extérieur sans écoute va se trouver confrontée, démunie de toute riposte, à un embarras qui peut pousser au suicide ou au terrorisme car l’homme est mutilé par un silence imposé et une parole bridée pour lui nuire et rendre sa parole inefficace pour son peuple et dangereuse pour sa vie et sa santé morale.
L’histoire est avant tout acte de rupture avec le silence honteux coupable ou complice du vaincu. Il a compris que le devoir est plus important que les droits. Il n’y a pas de droits à attendre des autres mais un devoir à exercer envers soi même et envers son peuple et sa cause. Il a compris que celui qui donne est meilleur que le mendiant. On ne mendie ni un semblant d’autorité administrative, ni ses droits légitimes ni la paix ni le pain ni un morceau de terre ou d’autorité contre sa liberté. Les États-Unis, la France, l’Angleterre et Israël ne semblent pas comprendre ce langage ni cette attitude car ils ne voient plus dans le paysage arabe une compétence à offrir des devoirs comme l’offre de signes, de symboles, d’actes d’inscription de sa volonté dans l’histoire des hommes et dans l’immortalité du temps de Dieu. Le croyant nourri à l’école de Mohamed (saws) ne peut vivre contraint au silence. Au pire des cas il invoque en chuchotant les moyens qui lui donnent conséquence et consistance dans sa démarche et dans sa prise de parole pour rompre le silence au moment opportun et à l’endroit pertinent.
Dire et bien dire pour bien faire et faire le bien est primordiale dans la vision islamique et c’est pourquoi le Coran cite ces mots « paroles » et « dites » dans toutes les situations où il faut prendre position. La parole est une responsabilité, une semence qui porte ses fruits, une inscription de sens dans l’histoire des hommes, un changement de leur destin, une affirmation de leur foi, une différenciation qui les fait sortir de l’indifférenciation visée par la lutte idéologique :
{Vois-tu à quoi le Seigneur compare, à titre d’exemple, la bonne parole? C’est à un bel arbre dont les racines se fixent solidement dans le sol et dont la ramure s’élance vers le ciel, en produisant, par la grâce de son Seigneur, des fruits à chaque instant. Dieu propose ainsi des paraboles aux hommes pour les amener à réfléchir. Au contraire, une méchante parole est semblable à un arbre nuisible qui se développe à ras du sol, sans jamais y avoir une attache solide. Dieu affermit ainsi les croyants par de fermes propos dans la vie présente et dans la vie future, et Il égare les méchants, car Sa volonté doit toujours s’accomplir.} Ibrahim 22
Toute la réflexion militante ou philosophique et les expériences nationales historiques sont conformes à ce devoir de rompre le silence et d’agir en conséquence pour avoir le droit de dire non à l’occupant par tous les moyens. C’est ce que dit la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 10 décembre 1948 à Paris. Le Coran est, devant les remontrances et les vexations ou la mutilation que subi le Croyant la réponse venant du ciel quand la terre et ses habitants deviennent sourds aux bruits du tonnerre et aveugles aux visions d’effroi de la foudre et des éclairs :
{Ceux à qui les gens dirent : « Les Hommes se sont coalisés contre vous, prenez donc garde ». Mais cela augmenta leur foi et dirent : « Allah nous suffit, c’est le meilleur Procurateur ». Alors ils revinrent avec une grâce d’Allah et une munificence. Aucun mal ne les effleura, et ils suivirent l’agrément d’Allah. Allah Possède une Munificence immense. Seulement, tel est Satan : il fait peur à ses liges. Ne les redoutez point, et redoutez-Moi, si vous êtes croyants!} Al ‘imrane 174
Les défaitistes, agents de Satan et de l’impérialisme, ne se contentent pas de casser le moral et de harceler les croyants à capituler mais deviennent des sanguinaires impitoyables qui se réjouissent des malheurs qui frappent leurs peuples et leurs frères de communauté ou de foi. Pour les historiens l’appel aux français de Pétain
« Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. » a une signification simple : la paix pour ceux qui acceptent la capitulation et la guerre contre les « traîtres » qui s’engagent dans la résistance. L'historien Robert Frank souligne que «
le point d'accord fondamental entre les quatre hommes qui ont accepté l'armistice (le général Maxime Weygand le maréchal Pétain, Pierre Laval et François Darlan) a d'abord été leur volonté de cesser un combat meurtrier et inutile, et sur ce point, ils bénéficient du soutien de la grande majorité des Français. Tous parient sur une victoire finale du Reich. À partir du moment où l'armistice est signé, certaines conséquences en découlent : les Français qui veulent continuer le combat deviennent hors-la-loi. Aucun des quatre hommes n'avait initialement adhéré à une quelconque idéologie hitlérienne, mais dans l'atmosphère de la défaite, ils s'en rapprochent très rapidement et leurs intérêts deviennent liés à ceux de l’Allemagne [...] et ils sont fermement opposés à la résistance car pour eux elle signifie le retour des troubles en France avec le retour triomphal des dissidents. »
Quand le musulman rompe le silence pour dire : «
Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière » il montre que les crimes commis par l’OTAN et le CNT ne doivent pas être perçus comme des crimes contre Kadhafi ou les Djounouds de l’armée libyenne, contre le Mollah Omar et les résistants Afghans, contre Siam le HAMAS mais des crimes contre l’humanité. Quand il y a crime contre un homme innocent pour le déposséder de sa religion, de sa liberté, de sa dignité, de sa patrie ou de ses biens est un crime contre l’humanité. Et comme dit Voltaire «
qui pardonne au crime en devient complice ». Toute l’humanité se doit de se sentir concernée et non seulement le musulman. Tous les hommes dans leur pluralité ethnique, sociale, religieuse et idéologique doivent éprouver de la souffrance et sentir que dans un tel crime c’est eux- mêmes qui sont dépossédés de leur liberté, de leur dignité, de leur droit à la vie, de leur humanité. Tout silence ou tout soutien au criminel est abject, condamnable. Sénèque disait à juste titre : «
Celui qui n'empêche pas un crime alors qu'il le pourrait s'en rend complice ». Le silence complice est une corruption des mœurs et des valeurs et il se paie lourdement. Le prix est déjà devant nous sous forme de faillite morale du capitalisme dans la gestion des finances mondiales avec ses conséquences dévastatrices sur le niveau de vie des populations, de catastrophes naturelles qui sèment l’inquiétude et la panique, de division de l’humanité en atomes de plus en plus inconciliables dégageant un potentiel de désespoir et de haine contre les puissants qui gouvernent le monde le conduisant à sa faillite, à sa perdition. Ce silence complice, le Coran l’appelle Fassad (corruption globale de l’existence) et nous prévient du prix à payer si l’humanité veut se racheter et se sauver :
{La corruption est apparue sur la terre et dans la mer du fait des agissements des hommes. Dieu leur fera expier une partie de leurs péchés, afin qu’ils reviennent de leurs erreurs.} Ar-Rum - 41.
Il faut être diabolique pour livrer une guerre totale qui ne produit que de la haine sur plusieurs générations sans réaliser des objectifs militaires ou politiques autres que semer la mort, la désolation et l’épouvante. Al Qaradhawi, Sallabi, Madani sont censés non seulement savoir mais mettre en application, mieux que d'autres, la Charia islamique qui dit :
{Liguez-vous pour combattre les païens, comme ils se liguent contre vous ! Sachez que Dieu est avec ceux qui Le craignent.} At-Tawba - 36.
Quel est ce savoir qui amène à confondre le croyant et le mécréant, le juste et l'injuste, l'opprimé et l'oppresseur, l'allié et l'ennemi, le frère de foi et le transgresseur de la charia, le Moujahid et le corrupteur qui saccage les labours et extermine les populations? Un Mufti de royaume qui a la capacité d'influencer des centaines de millions de musulmans mais qui n'est pas capable de discerner les enjeux de la lutte idéologique qui oppose l'impérialisme au monde musulman et toutes ses batailles sur le plan militaire, culturel, économique, politique, social et scientifique, ferait mieux de s'occuper d'alphabétisation et de vendre des lettres et des chiffres que de produire des idées mortifères et de prononcer des sermons de capitulation. Sur le plan religieux il n’existe ni dans le Coran ni dans la Sunna ni dans la praxis politique et militaire des pieux ancêtres aucun énoncé ou une allégorie ou une métaphore ou une ambigüité pouvant permettre le recours à l’intervention étrangère. Kadhafi a vécu comme un musulman atypique et il est mort et enterré comme un Musulman il avait le droit sur le plan religieux d’une intervention d’une autorité religieuse sage, compétente pour exiger l’arbitrage selon la loi de Dieu et non selon l’opinion personnelle ou l’agenda de l’Otan :
{Et si deux groupes de croyants se combattent, réconciliez-les. Si alors l’un des deux groupes tyrannise l’autre, combattez celui qui tyrannise jusqu’à ce qu’il revienne à l’Ordre d’Allah. S’il revient, réconciliez-les avec justice et soyez équitables. Certes, Allah Aime les équitables. Les croyants ne sont que des frères, établissez la concorde entre vos frères. Et prenez garde à Allah, afin qu'Il vous Fasse miséricorde.} Al Hujurate 9
Nous avons vu l’OUA et Hugo Chavez tenter une médiation mais à ma connaissance je n’ai connaissance d’aucune médiation de la ligue arabe, de la conférence internationale islamique ni de l’association des savants musulmans. Nous avons vu, lu et entendu de leur part que des anathèmes et des appels à la guerre civile et au meurtre. La fin de Kadhafi n’a pas été une fin humiliante mais glorieuse même si elle est violente et tragique :
{Il est parmi les croyants des Hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Il est d’entre eux qui (a accompli son vœu et) mourut (en martyr), et il est d’entre eux qui attend, et ils n’ont pas changé leur détermination} Al Ahzab 23
Encore une fois revenant au Coran et cultivant la religion de l’espoir :
{Que ceux qui sont devenus mécréants ne considèrent point ce que Nous leur Ajournons, un bien pour eux-mêmes. Mais sûrement, ce que Nous leur Ajournons est pour qu’ils soient accrus en péché. Et ils auront un infâme châtiment. Il n’est pas de mise qu’Allah Laisse les croyants dans l’état où vous êtes, jusqu’à ce qu’Il Discerne le méchant du bon. Et il n’est pas de mise qu’Il vous Informe sur le Ghayb, mais Allah Élit, parmi Ses Messagers, qui Il Veut. Croyez donc en Allah et en ses Messagers. Et si vous êtes croyants et êtes pieux, vous aurez sûrement une immense rémunération.} al ‘imrane 177
« L'espoir est une Miséricorde d'Allah pour ma Communauté, car sans l'espoir, aucune mère n'allaiterait son bébé, ni aucun planteur ne planterait un arbre » Hadith
Après l’épuisement de la flamme révolutionnaire et nationaliste dans le monde arabe les savants musulmans ont failli dans la mobilisation des hommes pour les préparer à se libérer et non à attendre la venue d’un Messie ou d’un Mehdi ou de l’Archange Gabriel. Malek Bennabi, à l’issue de la guerre de libération, a vu la carence, la faille, la faillite du système et a appelé au sursaut moral : «
Dans un pays qui subit la civilisation, l’acte le plus révolutionnaire c’est l’acte qui décolonise l’homme lui-même ». Le Coran a demandé aux musulmans de se libérer du Taghut. La colonisation et le despotisme intérieur ne sont pas seulement des Taghut mais des fabricants de Taghut. Il fallait préparer les hommes à casser les idoles et à refuser de se soumettre au Taghut. Ce travail d’éducation, d’orientation et de mobilisation n’a pas été fait. Il ne sert à rien en pleine crise d’appeler au Jihad une génération qui n’est pas conscience des enjeux de la lutte idéologique qui vise sa capitulation et sa démission du champ de bataille contre l’impérialisme et le sionisme.
{Toujours indécis, ne sachant quel parti prendre, ils ne sont ni avec les uns ni avec les autres. Ceux que Dieu égare ne trouveront jamais plus leur voie.} an nissa 143
Les jeunes musulmans vont enfin comprendre que le discours spiritualiste, prosaïque et poétique de ces pseudo savants, les Fatwas de ces fonctionnaires au service des despotes, ne sont que du leurre pour tromper les peuples et les endormir. Les jeunes musulmans doivent se libérer de l’aliénation à l’apparat et à la rhétorique pour se consacrer à la quête de sens, de vérité et aux canevas théoriques et pratiques de l’action que la parole ou l’écrit mobilise ou indique. La fascination devant l’orateur qui débite un langage séduisant non par son contenu mais par son éloquence persuasive doit disparaître pour laisser l’intelligence occuper l’espace, analyser et voir l’argumentaire des uns et des autres et choisir sur la conviction d’avoir trouvé ici ou là plus de part de vérité et de sincérité. Communauté de foi nous refusons le silence et nous refusons la parole qui égare ou qui laisse perplexe. Le but de la parole est de clarifier, informer et montrer la voie de l’action licite et légale et non d’égarer.
{Dites la vérité au nom de votre Seigneur}
L’homme épris de liberté se doit de donner des tribunes pour que l’opprimé puisse raconter sa souffrance, parler de sa résistance et chercher des réseaux de solidarité pour que sa voix sorte de l’isolement ou du silence et devienne une espérance qui ressemble à un moment de prière, de communion avec l’univers, de rupture avec le chaos imposé par la colonisation et de l’entropie générée par l’oppression :
{Si Dieu ne repoussait pas certains peuples par d’autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent invoqué.} al hadj 40
Le sang versé à torrent, les destructions massives des constructions et des infrastructures, les pleurs des femmes et des enfants ont un double objectif. Faire punir la population qui a accordé soutien à son guide et lui a donné le courage et le pouvoir de dire, avec plus de force et de détermination, non à la colonisation. Engendrer une culture du désespoir par la force d’intimidation et d’effroi des populations qui, dans la stratégie du terrorisme d’État, devrait amener la capitulation sans condition. Les stratèges sionistes ne connaissent du monde arabe et du monde que la psychologie des régimes soumis et de leurs armées défaites. Ils ignorent la psychologie des résistants musulmans. Mais les mots, tout dérisoire qu’ils puissent paraître face au sang versé, n’ont-ils pas été de tout temps de vrais actes de résistance, capables d’éveiller les consciences les plus engourdies et de déclencher de La parole comme le Jihad dans la cause de Dieu. Pour atteindre le niveau de Jihad et d’Ijtihad exigé par Allah il nous faut mettre fin à cette confusion dans nos esprits et à cette absence de clairvoyance que le Malek Bennabi dénonce en disant
« les musulmans confinés dans la « soumission » à Dieu n’arrivent pas à comprendre que cette mission à un corollaire qui s’appelle la mission pour Dieu »
L'assassinat du Renard du désert a pour objectif de museler le peuple libyen et de le faire taire. Il nous appartient de briser le silence et de donner écho à ses souffrances, à sa résistance et à sa victoire. C’est à lui de décider de son sort, de résister maintenant ou s’organiser d’abord ou différer la résistance en un temps indéterminé. Notre vocation ne peut se substituer aux autres ni leur dicter la conduite. Ils sont sur le terrain, leur terrain.