Au début du mois, des bulldozers israéliens préparaient le terrain pour la construction de la «barrière de sécurité» qui encerclera le village palestinien de Walajeh, près de Bethléem.
Photo: Musa Al Shaer, Archives AFP
Janie Gosselin La Presse |
(Walajeh, Palestine) Un mur séparera bientôt le village cisjordanien de Walajeh du reste du monde. Un seul point de contrôle permettra aux gens d'entrer et de sortir du village. Mais pour une famille située du mauvais côté d'un tracé, la vie ne sera plus jamais la même, a pu constater notre journaliste.
La maison d'Omar Hajajleh est accrochée sur une colline entre Bethléem et Jérusalem, un peu en retrait des autres propriétés du village de Walajeh. Près de l'entrée, les fondations d'un large tunnel sont déjà visibles. Un peu plus loin, des cadres en bois supportent un mur de béton en construction.
D'ici un an, la maison au toit orange qu'habitent M. Hajajleh, sa femme Imane et leurs trois jeunes fils sera encerclée par une clôture électrique. Chaque fois qu'ils voudront entrer ou sortir de leur propriété, ils devront traverser un tunnel d'environ 250 mètres de longueur qui reliera leur terrain à leur village de Walajeh, en passant sous le mur de séparation - la «barrière de sécurité» qu'Israël a commencé à construire autour de la Cisjordanie en 2002, dans la foulée de la deuxième intifada.
La construction du tunnel a été confirmée en Cour suprême. Le droit de la famille d'habiter à cet endroit a été reconnu par les tribunaux israéliens; Omar Hajajleh possédait toutes les pièces justificatives qui manquent souvent aux demandeurs palestiniens. Il dit avoir reçu plusieurs offres du côté israélien: racheter son terrain à un prix supérieur à sa valeur, partager la terre, l'échanger contre un terrain plus vaste ailleurs. Il les a toutes refusées. «Je leur ai répondu: je veux mon terrain et ma maison et c'est tout ce que je veux, dit le travailleur en construction de 45 ans aux cheveux grisonnants. Et maintenant, ils ont décidé de nous étouffer.»
Dans quelques années, la clôture servira à séparer la famille de ses nouveaux voisins. Pour les Israéliens, il s'agira d'un nouveau quartier de Jérusalem. Pour les Palestiniens et la communauté internationale, ce sera une colonie, une nouvelle tentative de diviser les quartiers de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie, rendant la séparation de la ville pour y établir la capitale de la Palestine plus difficile.
Emmurés
La construction du mur ne touche pas seulement la famille Hajajleh. Quand il sera achevé, il encerclera les 2500 habitants de la communauté de tous côtés, avec un seul point d'accès contrôlé par l'armée pour entrer au village ou en sortir. Un appel en Cour suprême pour revoir le tracé a été rejeté en août.
«Le mur va créer une prison à ciel ouvert pour les gens de Walajeh, dit le maire Saleh Hilmi. Ça va les encercler et les soumettre aux heures d'ouverture de la barrière. Cette situation va forcer plusieurs habitants à quitter le village. La vie des habitants va être touchée et toute l'économie du village aussi.»
Walajeh ne sera pas la seule communauté dans cette situation: au moins deux autres villages sont dans des positions similaires. Mais selon Sarit Michaeli, porte-parole de l'organisme israélien de défense des droits de la personne Btselem, le cas de Walajeh est le pire. «La différence, c'est que les gens seront séparés de leurs terres agricoles», précise-t-elle, ajoutant qu'ils seront aussi coupés de leur système d'eau. L'économie du village dépend en grande partie de l'agriculture.
Le service des communications de l'armée israélienne, qui a répondu aux questions de La Presse par voie de communiqué, précise que «les Palestiniens qui possèdent des terrains du côté ouest de la barrière vont recevoir des permis qui leur garantiront l'accès à leurs champs à travers les passages désignés». La barrière «a été mise en construction pour protéger le front israélien d'attaques terroristes», ajoute le communiqué. Le porte-parole a aussi précisé que l'accès au tunnel qui reliera la maison des Hajajleh au village ne sera pas restreint.
La famille craignait de dépendre d'un garde pour ouvrir ou fermer l'accès au tunnel. «S'ils réduisent l'accès, ma vie sera un enfer», soupire Imane Hajajleh. Pendant que son mari parle avec aplomb de sa volonté de rester dans la maison coûte que coûte, la jeune mère au foyer l'écoute, son visage lunaire trahissant ses doutes. «Je m'inquiète énormément pour mes enfants avec la clôture électrique. Je ne les laisserai jamais l'approcher», assure-t-elle.
Malgré ces inquiétudes, Omar Hajajleh dit ne pas regretter sa décision de rester sur place. «Ils veulent que nous atteignions le point où nous dirons: nous ne voulons plus vivre ici, explique-t-il. Mais notre volonté est forte.»
Le mur
«Barrière de sécurité» pour le gouvernement israélien, «mur de l'apartheid» pour ses opposants palestiniens: depuis 2002, Israël a commencé la construction de la structure qui le sépare de la Cisjordanie pour prévenir les attentats. Sa mise en place a été maintes fois dénoncée, notamment par la Cour internationale de justice. Lorsque le mur sera terminé, il atteindra environ 708 km de longueur, plaçant 9,4% de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, à l'intérieur d'Israël, selon un rapport de l'ONU. Mélange de murs en béton et de clôtures, la barrière est maintenant achevée à un peu plus de 60%. Elle devrait être terminée en 2013, «mais le ministère de la Défense travaille pour finir la barrière avant la fin de 2012», selon un de ses porte-parole.
D'ici un an, la maison au toit orange qu'habitent M. Hajajleh, sa femme Imane et leurs trois jeunes fils sera encerclée par une clôture électrique. Chaque fois qu'ils voudront entrer ou sortir de leur propriété, ils devront traverser un tunnel d'environ 250 mètres de longueur qui reliera leur terrain à leur village de Walajeh, en passant sous le mur de séparation - la «barrière de sécurité» qu'Israël a commencé à construire autour de la Cisjordanie en 2002, dans la foulée de la deuxième intifada.
La construction du tunnel a été confirmée en Cour suprême. Le droit de la famille d'habiter à cet endroit a été reconnu par les tribunaux israéliens; Omar Hajajleh possédait toutes les pièces justificatives qui manquent souvent aux demandeurs palestiniens. Il dit avoir reçu plusieurs offres du côté israélien: racheter son terrain à un prix supérieur à sa valeur, partager la terre, l'échanger contre un terrain plus vaste ailleurs. Il les a toutes refusées. «Je leur ai répondu: je veux mon terrain et ma maison et c'est tout ce que je veux, dit le travailleur en construction de 45 ans aux cheveux grisonnants. Et maintenant, ils ont décidé de nous étouffer.»
Dans quelques années, la clôture servira à séparer la famille de ses nouveaux voisins. Pour les Israéliens, il s'agira d'un nouveau quartier de Jérusalem. Pour les Palestiniens et la communauté internationale, ce sera une colonie, une nouvelle tentative de diviser les quartiers de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie, rendant la séparation de la ville pour y établir la capitale de la Palestine plus difficile.
Emmurés
La construction du mur ne touche pas seulement la famille Hajajleh. Quand il sera achevé, il encerclera les 2500 habitants de la communauté de tous côtés, avec un seul point d'accès contrôlé par l'armée pour entrer au village ou en sortir. Un appel en Cour suprême pour revoir le tracé a été rejeté en août.
«Le mur va créer une prison à ciel ouvert pour les gens de Walajeh, dit le maire Saleh Hilmi. Ça va les encercler et les soumettre aux heures d'ouverture de la barrière. Cette situation va forcer plusieurs habitants à quitter le village. La vie des habitants va être touchée et toute l'économie du village aussi.»
Walajeh ne sera pas la seule communauté dans cette situation: au moins deux autres villages sont dans des positions similaires. Mais selon Sarit Michaeli, porte-parole de l'organisme israélien de défense des droits de la personne Btselem, le cas de Walajeh est le pire. «La différence, c'est que les gens seront séparés de leurs terres agricoles», précise-t-elle, ajoutant qu'ils seront aussi coupés de leur système d'eau. L'économie du village dépend en grande partie de l'agriculture.
Le service des communications de l'armée israélienne, qui a répondu aux questions de La Presse par voie de communiqué, précise que «les Palestiniens qui possèdent des terrains du côté ouest de la barrière vont recevoir des permis qui leur garantiront l'accès à leurs champs à travers les passages désignés». La barrière «a été mise en construction pour protéger le front israélien d'attaques terroristes», ajoute le communiqué. Le porte-parole a aussi précisé que l'accès au tunnel qui reliera la maison des Hajajleh au village ne sera pas restreint.
La famille craignait de dépendre d'un garde pour ouvrir ou fermer l'accès au tunnel. «S'ils réduisent l'accès, ma vie sera un enfer», soupire Imane Hajajleh. Pendant que son mari parle avec aplomb de sa volonté de rester dans la maison coûte que coûte, la jeune mère au foyer l'écoute, son visage lunaire trahissant ses doutes. «Je m'inquiète énormément pour mes enfants avec la clôture électrique. Je ne les laisserai jamais l'approcher», assure-t-elle.
Malgré ces inquiétudes, Omar Hajajleh dit ne pas regretter sa décision de rester sur place. «Ils veulent que nous atteignions le point où nous dirons: nous ne voulons plus vivre ici, explique-t-il. Mais notre volonté est forte.»
Le mur
«Barrière de sécurité» pour le gouvernement israélien, «mur de l'apartheid» pour ses opposants palestiniens: depuis 2002, Israël a commencé la construction de la structure qui le sépare de la Cisjordanie pour prévenir les attentats. Sa mise en place a été maintes fois dénoncée, notamment par la Cour internationale de justice. Lorsque le mur sera terminé, il atteindra environ 708 km de longueur, plaçant 9,4% de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, à l'intérieur d'Israël, selon un rapport de l'ONU. Mélange de murs en béton et de clôtures, la barrière est maintenant achevée à un peu plus de 60%. Elle devrait être terminée en 2013, «mais le ministère de la Défense travaille pour finir la barrière avant la fin de 2012», selon un de ses porte-parole.