Libye : Le complot occidental
Les évènements de Libye ont été présentés comme une contagion des soulèvements populaires de Tunisie et d’Egypte. En fait, les différences ont été importantes dès le départ.
Ce qui s’est produit en Libye est une insurrection armée et coordonnée, et non des rassemblements populaires pacifiques et spontanés. Et ce n’est sans doute pas un hasard que ce mouvement soit parti de Benghazi, fief de l’ancien roi Idriss, déposé par Kadhafi en 1969. [1]
Ramener la « révolution » libyenne à un soulèvement de tout un peuple contre le régime de Kadhafi « confine à l’absurde et à la désinformation ». En réalité, il s’est agit d'une guerre de conquête menée par des « tribus de Benghazi et de l’Est libyen contre celles de l’Ouest ». [2]
LE COMPLOT MILITAIRE
Comme une partie de la presse étrangère l’a rapporté, les puissances occidentales ont planifié très tôt leur intervention en Libye. [3]
Elles ont soutenu et financé le fameux CNT, lequel comprend des membres liés de longue date à la CIA et au M16, le service secret britannique.
Trois semaines avant le vote de la résolution de l’ONU, des centaines de soldats du 22ème Régiment SAS-Special Air Service, forces spéciales britanniques, et des groupes de la CIA étaient à l’œuvre en Libye aux côtés des groupes rebelles.
En violation directe de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, les côtes libyennes ont été envahies par les forces terrestres spéciales de l’OTAN, du Qatar et de l’Arabie saoudite.
Comme le remarque La Stampa du 25 août : la guerre contre Kadhafi a été une guerre « complètement extérieure » ; c’est « le système occidental, qui a promu la guerre contre Kadhafi ».
La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n’avaient qu’un seul but : renverser Kadhafi pour le remplacer par un pouvoir à leur dévotion. Ce qui explique qu’elles aient rejeté ou ignoré toutes les propositions visant à un règlement politique du conflit.
LE COMPLOT MEDIATIQUE
Faire accepter cette intervention par l’opinion publique mondiale a été le travail des grands médias américains et européens ainsi que des chaînes de télévision des monarchies du Golfe comme Al Jazeera et Al Arabya.
Durant des semaines, ces médias se sont livrés à une intense campagne de propagande destinée à provoquer l’hostilité contre « le dictateur et son régime sanglant ».
Les pires bobards ont été présentés sans preuve, sans référence de dates et de lieux : Kadhafi avait utilisé son aviation contre son propre peuple ; il bourrait ses soldats de viagra pour les inciter aux viols de masse ; les soldats libyens tiraient sur les enfants...
Il expliqait par ailleurs : « Ces bombes font des carnages de civils, il n’y a plus de distinction avec les sites militaires. La nuit se transforme en cauchemar qui ravage les vies de tous : les enfants sont terrifiés, les adultes voudraient protéger leurs familles et leur travail, mais ils sont impuissants ».
Nul doute que le nombre de ces victimes - censées être protégées par ceux qui les assassinaient - n'a faît que croître avec la poursuite des bombardements.
Alain Jupé n'en a pas moins eu le cynisme de considérer l’intervention de la France en Libye comme « un investissement dans l’avenir ».
Une déclaration aussi ignoble aurait du susciter l’indignation des Français. Aurait du...
JPD
[1] Par ailleurs, contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, les principaux chefs « rebelles » sont d’anciens ministres ou hauts responsables du régime de Kadhafi. On était donc en présence plus d'une tentative de « révolution de palais » que d'un « soulèvement populaire ».
[2] Pierre Piccinin, journaliste et universitaire belge, s'est rendu en Libye durant les combats. http://www.pierrepiccinin.eu/
[3] The Guardian, 24 août ; Sunday Mirror, 20 mars ; International Herald Tribune, 31 mars ; Alger républicain, 6 octobre.
|4] Cette grave dénonciation a été lancée par l'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice, lors d'une séance à huis clos du Conseil de sécurité. Le Figaro note que « l'ambassadrice n'a pas donné de sources pour étayer ces accusations ».
[5] Voir mon article du 26 mars : Où sont les 6.000 victimes de Kadhafi ?
[6] Selon Donatella Rovera, d'Amnesty International, « le nombre de morts a été grandement exagéré. On parlait de 2.000 morts à Benghazi. Or la répression a fait dans cette ville de 100 à 110 morts et à Al-Baïda une soixantaine ». Elle conteste également l'image très positive acquise par les anti-Kadhafi, qu'elle accuse notamment d'avoir déclenché une véritable chasse aux sorcières contre les étrangers en évoquant à tort la présence dans le pays de mercenaires étrangers à la solde de Kadhafi. (NouvelObs)
Ce qui s’est produit en Libye est une insurrection armée et coordonnée, et non des rassemblements populaires pacifiques et spontanés. Et ce n’est sans doute pas un hasard que ce mouvement soit parti de Benghazi, fief de l’ancien roi Idriss, déposé par Kadhafi en 1969. [1]
Ramener la « révolution » libyenne à un soulèvement de tout un peuple contre le régime de Kadhafi « confine à l’absurde et à la désinformation ». En réalité, il s’est agit d'une guerre de conquête menée par des « tribus de Benghazi et de l’Est libyen contre celles de l’Ouest ». [2]
LE COMPLOT MILITAIRE
Comme une partie de la presse étrangère l’a rapporté, les puissances occidentales ont planifié très tôt leur intervention en Libye. [3]
Elles ont soutenu et financé le fameux CNT, lequel comprend des membres liés de longue date à la CIA et au M16, le service secret britannique.
Trois semaines avant le vote de la résolution de l’ONU, des centaines de soldats du 22ème Régiment SAS-Special Air Service, forces spéciales britanniques, et des groupes de la CIA étaient à l’œuvre en Libye aux côtés des groupes rebelles.
International Herald Tribune du 31 mars : « Des agents de la CIA sont présents en Libye »
Sans l’entraînement et l'assistance considérable des agents occidentaux qui planifiaient et accompagnaient leurs missions, les groupes armés du CNT n'auraient pu s'imposer.En violation directe de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, les côtes libyennes ont été envahies par les forces terrestres spéciales de l’OTAN, du Qatar et de l’Arabie saoudite.
Comme le remarque La Stampa du 25 août : la guerre contre Kadhafi a été une guerre « complètement extérieure » ; c’est « le système occidental, qui a promu la guerre contre Kadhafi ».
La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n’avaient qu’un seul but : renverser Kadhafi pour le remplacer par un pouvoir à leur dévotion. Ce qui explique qu’elles aient rejeté ou ignoré toutes les propositions visant à un règlement politique du conflit.
LE COMPLOT MEDIATIQUE
Faire accepter cette intervention par l’opinion publique mondiale a été le travail des grands médias américains et européens ainsi que des chaînes de télévision des monarchies du Golfe comme Al Jazeera et Al Arabya.
Durant des semaines, ces médias se sont livrés à une intense campagne de propagande destinée à provoquer l’hostilité contre « le dictateur et son régime sanglant ».
Les pires bobards ont été présentés sans preuve, sans référence de dates et de lieux : Kadhafi avait utilisé son aviation contre son propre peuple ; il bourrait ses soldats de viagra pour les inciter aux viols de masse ; les soldats libyens tiraient sur les enfants...
Le Figaro du 29 avril [4]
L'allégation que la répression exercée par Kadhafi avait fait 6.000 victimes a été forgée par un individu suspect [5]. Elle a pourtant été reprise sans précaution par TOUTE la presse française et la majeure partie des ONG occidentales ; elle a aussi fondé, en grande partie, la résolution de l’ONU autorisant une zone d'exclusion aérienne. [6]
Pour Rony Brauman, « le passé des guerres préventives, de la guerre des Six Jours à la guerre d’Irak, doit nous rappeler que les menaces qu’elles sont censées conjurer sont, très largement, fabriquées ». Leçon encore oubliée cette fois-ci...
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Dès le 31 mars, Mgr Giovanni Martinelli, l'évêque de Tripoli, dénonçait les raids de l'OTAN qui « ont fait des dizaines de victimes civiles dans plusieurs quartiers » de la capitale libyenne.Il expliqait par ailleurs : « Ces bombes font des carnages de civils, il n’y a plus de distinction avec les sites militaires. La nuit se transforme en cauchemar qui ravage les vies de tous : les enfants sont terrifiés, les adultes voudraient protéger leurs familles et leur travail, mais ils sont impuissants ».
Nul doute que le nombre de ces victimes - censées être protégées par ceux qui les assassinaient - n'a faît que croître avec la poursuite des bombardements.
Alain Jupé n'en a pas moins eu le cynisme de considérer l’intervention de la France en Libye comme « un investissement dans l’avenir ».
Une déclaration aussi ignoble aurait du susciter l’indignation des Français. Aurait du...
JPD
[1] Par ailleurs, contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, les principaux chefs « rebelles » sont d’anciens ministres ou hauts responsables du régime de Kadhafi. On était donc en présence plus d'une tentative de « révolution de palais » que d'un « soulèvement populaire ».
[2] Pierre Piccinin, journaliste et universitaire belge, s'est rendu en Libye durant les combats. http://www.pierrepiccinin.eu/
[3] The Guardian, 24 août ; Sunday Mirror, 20 mars ; International Herald Tribune, 31 mars ; Alger républicain, 6 octobre.
|4] Cette grave dénonciation a été lancée par l'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice, lors d'une séance à huis clos du Conseil de sécurité. Le Figaro note que « l'ambassadrice n'a pas donné de sources pour étayer ces accusations ».
[5] Voir mon article du 26 mars : Où sont les 6.000 victimes de Kadhafi ?
[6] Selon Donatella Rovera, d'Amnesty International, « le nombre de morts a été grandement exagéré. On parlait de 2.000 morts à Benghazi. Or la répression a fait dans cette ville de 100 à 110 morts et à Al-Baïda une soixantaine ». Elle conteste également l'image très positive acquise par les anti-Kadhafi, qu'elle accuse notamment d'avoir déclenché une véritable chasse aux sorcières contre les étrangers en évoquant à tort la présence dans le pays de mercenaires étrangers à la solde de Kadhafi. (NouvelObs)