La « Libye nouvelle » est un miroir aux alouettes : de nombreux chefs d’entreprises s’y bousculent à la recherche de gros contrats. Cependant, l’instabilité actuelle rend extrêmement risqués les chantiers de reconstruction. Seuls le secteur pétrolier et l’approvisionnement alimentaire offrent des garanties dans la durée. Encore faut-il que les businessmen soient protégés… c’est là qu’entrent en scène les compagnies militaires privées.
Réseau Voltaire | Rome (Italie)
- Sne Special Projects Ltd
L’Opération Protecteur Unifié terminée, tandis que l’OTAN « continue à surveiller la situation, prête à aider si nécessaire », la course vers l’or s’est ouverte en Libye même pour les entreprises occidentales mineures. Celles-ci se placent à côté des puissantes compagnies pétrolières et banques d’investissement étasuniennes et européennes, qui ont déjà occupé les positions clé.
La Farnesina (ministère des Affaires étrangères italien, NdT) s’est engagée à « faciliter la participation des petites et moyennes entreprises italiennes à la construction de la Libye libérée ». Mais auparavant déjà, était arrivée à Tripoli une délégation de 80 entreprises françaises, et le ministre de la Défense britannique Philip Hammond avait sollicité les entreprises de son pays à « faire leurs valises » pour courir en Libye.De grosses affaires sont en vue, après que l’OTAN a démoli l’État libyen. Et puis il y a ce coffre-fort ouvert sur lequel mettre la main : au moins 170 milliards de dollars de fonds souverains « gelés », a quoi s’ajoutent les entrées de l’export pétrolier, qui peuvent atteindre les 30 milliards annuels.
- La villa sécurisée de Sne Special Projects Ltd et Trango Ldt à Tripoli
- Le contre-amiral James Rapp avait suscité la polémique au Royaume-Uni en organisant au nom de la Royal Navy le bicentenaire de la bataille de Trafalgar : il avait organisé un juteux business en vendant à des hommes d’affaire des billets pour participer à un cocktail avec la reine Elizabeth. Il a depuis créé Sne Special Projects Ltd, le partenaire indispensable dont vous avez besoin pour rester en vie, si vous voulez investir en Libye « libérée ».
- Jason Woods, directeur exécutif de Sne Special Projects Ltd, est un ex-parachutiste reconverti dans la sécurisation des exploitations pétrolières
Des services analogues sont fournis par les compagnies étasuniennes Scn Resources Group et Security Contracting Network, ainsi que diverses autres récemment installées en Libye.
En bénéficient non seulement les entreprises occidentales, en piste pour s’accaparer les contrats les plus juteux avant que n’arrivent de nouveau les Chinois, mais aussi le Département d’État étasunien et autres ministères occidentaux, pour leurs opérations en Libye aussi bien directes que par le biais d’associations « à but non lucratif » payées par eux.
Le vide laissé par l’effondrement de l’État libyen, sous les coups de l’OTAN, se trouve ainsi comblé par un réseau souterrain d’intérêts et de pouvoirs. Et, en cas de réactions populaires dangereuses, il y a toujours le blindé de Special Projects qui permet de rejoindre rapidement l’aéroport.
Traduction
Marie-Ange Patrizio
Marie-Ange Patrizio
Source
Il Manifesto (Italie)
Il Manifesto (Italie)
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