Alors que le monde arabe est en pleine ébullition (Syrie, Yémen,…) les écrivains, artistes et intellectuels algériens surtout, ne disent rien sur les crimes abominables de ces régimes, à part quelque rares exceptions l’absence de réaction et de curiosité en Algérie par rapport à ce qui s’est passé en Tunisie et d’assister aux changements exceptionnels dans ce pays voisin. On se sent honteux d’avoir été dépassé par quelque chose. Il y a un sentiment de fierté, presque de schizophrénie d’Algériens disant : «Nous étions aux origines de tout cela !» Nous sommes dans une espèce de repli honteux sur nous-mêmes comme si les autres avaient réalisé notre rêve à notre place, surtout par rapport à la Tunisie.
Comment avec ce sentiment de supériorité, complètement incroyable par rapport à un pays aussi décadent comme l’Algérie et qui se croit toujours au-dessus des autres, peut-on voir ce qui se réalise ? Pour une large part, ce comportement est lié à cet état d’esprit lié à la mythologie d’Octobre 1988 ! Nous ne faisons que cela : la mythologie 1954, la mythologie 1962, la mythologie 1965, la mythologie 1982, la mythologie 2009… Comme si notre histoire était derrière nous ! Le monde bouge : Le Yémen, qui n’est pas un pays attardé, a connu un certain processus démocratique. Les révolutions qui se réalisent dans d’autres pays doivent amener les Algériens à se poser des questions sur les positions de frilosité et de honte qu’ils ont adoptées.
Cette fierté liée au fait que nous n’avons pas d’histoire et que cette sorte de virilité (redjla, nif) nous sert d’identité nationale. Face à un peuple qui n’a pas construit son histoire et qui n’a pas élucidé tout son passé depuis les origines et jusqu’à aujourd’hui, il y a un fantasme collectif qui fait l’Algérien et qui fait l’Algérie. «L’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, le plus beau, le plus vaste….» Oui et alors ? Un pays en crise où la démocratie n’existe pas, le chômage, pas de projet, pas d’avenir…il n’y a aucun motif de fierté.
Contrairement à ce que les algériens pensent, les émeutes d’Octobre 1988 n’étaient pas «une révolution démocratique», mais une jacquerie, canalisée par les islamistes. Nous n’avons pas suivi de processus démocratique avec la démocratie comme exigence tel que cela existe actuellement en Tunisie. En 1988, la démocratie nous est tombée sur la tête alors que personne ne l’avait demandée. Cette «démocratie» a été jetée en pâture à une foule qui n’en voulait pas. Actuellement, le peuple tunisien dit : «Je veux un processus démocratique», «Je veux une Assemblée constituante»… Nous avons vu que les choses n’étaient pas préparées, planifiées ou pensées. Octobre 1988 a engendré le FIS et les islamistes…
Une société algérienne frileuse, convalescente, qui sort d’une décennie noire et qui ne veut pas s’engager dans d’autres processus d’instabilité comme c’est le cas de la Syrie ou de l’Egypte. Mais tant qu’on aura cette rentre pétrolière, cet Etat qui est en mesure de corrompre d’une manière collective et achète le silence de tout un peuple !
L’élite algérienne, qui est sensé être la locomotive de la société, est effacée. La société algérienne a été déstabilisée, démantibulée par la présence coloniale, puis par plus de dix ans de guerre interne qui a disloqué la société civile et décimé l’intelligentsia. Il est difficile de parler d’élites aujourd’hui malgré l’existence de voix éparses et isolées qui s’expriment ça et là. On ne peut pas parler d’élite comme celle qui existe en Tunisie ou en Egypte, où la charpente de la société est plus solide sur les plans culturel, social et économique.
Les journalistes, les intellectuels et les algériens doivent suivre de près ce qui se passe dans ces pays. En Tunisie, il existe des débats, des manifestations revendiquant la laïcité, une capacité d’imagination et de revendication de la société tunisienne qui a réussi, petit à petit, à créer un véritable espace de débat public et politique. Il y a des avancées comme la loi sur la parité est exceptionnelle. Les Algériens sont, eux, toujours en retard.
Beaucoup d’algériens n’arrivent plus à établir une phrase structurée, en arabe comme en français à cause de l’école et de tout le système éducatif. Cependant, la non-maîtrise aujourd’hui avérée des langues (où on a vu des traducteurs supposés maîtriser trois langues n’en maîtriser absolument aucune) révèle un aspect important de la déliquescence du système éducatif algérien sous-encadré et permissif, qui privilégie l’ordre public au savoir.
La politique linguistique d’arabisation qui fut un désastre linguistique et culturel avec autant de férocité, qu’elle a complexé tous les locuteurs et brisé tous les ressorts sociétaux de maîtrise de la langue française – outil indispensable pour le lien avec la rationalité et le savoir moderne.
La mise en place une réforme trop ambitieuse mettant en avant des matières comme la géographie, l’histoire, la musique au détriment de l’écriture ? Aux caciques du FLN qui, par une doctrine arabo-baâathiste importée, ont mis en place un processus d’arabisation incohérent ? A ces enseignants qui, dans certains cas, ne maîtrisent pas eux-mêmes parfaitement la langue qu’ils sont censés transmettre ? Au ministère de la Culture, qui n’a rien fait pour rendre le livre accessible afin de pallier les insuffisances de l’école ?
A ces pseudo-intellectuels qui ont érigé des barricades entre arabophones et francophones, favorisant un débat passionné et stérile ? A l’ENTV qui apparaît, aux yeux des Algériens, comme une télévision destinée à des extraterrestres, leur parlant un langage qu’ils ne comprennent pas ? Au nom d’un principe faussement nationaliste, soutenu par un amateurisme éclatant dans la gestion de l’école algérienne, l’avenir d’un pays a été mis en danger…
Pour couronner le tout, cette politique n’a pas permis une meilleure maîtrise de la langue arabe scolaire, loin s’en faut, mais à inculquer et diffuser de manière cellulaire le conservatisme religieux et l’irrationalisme dans toutes ses formes et précipita la fermeture de tout accès à ces enseignements dont la mentalité algérienne avait besoin et replongea celle-ci dans la tradition archaïque et le fatalisme.
La dépréciation du savoir et de la compétence induite par la transformation des universités fabrique de faux diplômes, voués à soutenir les élites au pouvoir, à déprécier aussi la compétence dans la société et dans le marché de l’emploi dominé par l’allégeance, la rente, l’enrichissement le plus rapide et par tous les moyens.
On est derniers en matière de savoir théologique et scientifique. On ne maîtrise pas la langue arabe classique et on ne maîtrise pas non plus les langues étrangères pour se tirer d’affaire dans le domaine du savoir scientifique rationnel. On refuse d’entendre ce qui se passe ailleurs (surdité) et on refuse de parler nous-mêmes (mutité).
Les classes supérieures, du fait de leurs moyens importants et de la proximité qu’elles ont avec les élites au pouvoir, voyagent dans le monde et voient ce qui s’y passe sont les premiers à mettre leur progéniture dans les écoles étrangères, tout en déclarant aux gens des classes inférieures que le système éducatif algérien est le meilleur de la planète.
Le président Bouteflika lui-même affirmait ne pas comprendre la langue que parle son peuple : «Ce n’est qu’un mauvais mélange, des propos hybrides que l’on comprend à peine. Prenons l’exemple le terme mayixistiche (cela n’existe pas), qui ne peut être compris que par l’Algérien du XXIe siècle.»
La darija est soupçonnée d’être inadéquate pour véhiculer l’imaginaire religieux encore pertinent dans la culture, y compris par les Algériens eux-mêmes. «Le refus des autorités officielles de reconnaître la darija, est soutenu par la majorité de la population, comme un déni de soi en rapport avec le complexe d’infériorité assigné à la langue parlée, complexe compensé par la survalorisation de la langue écrite, respectée pour le patrimoine qu’elle renferme. Le fait est que cette langue que nous parlons et dans laquelle nous pensons est la seule qui unisse les différentes facettes de l’identité algérienne.
Comment expliquer que la maîtrise de la langue, arabe ou française, baisse à mesure que le taux de réussite au baccalauréat augmente ? Les premiers à constater les dégâts sont les professeurs d’université, victimes d’affreuses migraines à chaque correction de copies.
Ou encore cette doléance écrite d’un étudiant de 2e année : «Veuilli me courige la note du module, que j’ai 10. Mercis.» «Comment peut-on comparer un étudiant d’avant la ‘réforme’ qui maîtrisait relativement bien les langues tant l’arabe que le français, avec un étudiant actuel qui a toutes les difficultés à construire une phrase simple et cohérente surtout dans la langue de Molière. En réalité, l’école algérienne s’est tellement détériorée qu’elle produit, aujourd’hui, des étudiants universitaires, dont une part appréciable n’a même pas le niveau du primaire !», l’étudiant est au stade de l’enfant incapable de produire une phrase complète : sujet, verbe, complément.
L’ancien ambassadeur américain, en visite au vice-rectorat de la coopération de l’université d’Alger, a éprouvé des difficultés de trouver quelqu’un pour lui parler correctement en arabe scolaire ou en anglais, alors que lui parlait un peu l’arabe algérien. Si des universitaires n’arrivent pas à écrire correctement, ce qui est le moins qu’on puisse exiger d’eux, que dire de ceux qui s’arrêtent en milieu de parcours ? Il faut admettre que la langue vernaculaire prend une place importante dans le parler local.
Les Algériens puisent dans la langue arabe ou française les mots qui leur plaisent, puis les triturent, les maltraitent, les torpillent, jusqu’à en faire de nouveaux termes, qui ne peuvent être compris par quelqu’un ne vivant pas sur la planète Algérie.
Il suffit de voir les artisans de la révolution tunisienne, jeunes et vieux, parler avec éloquence à la télévision en parvenant à développer une réflexion soutenue, sans renier leur accent et leur dialecte. C’est là qu’on se rend compte du naufrage de l’école algérienne : Ne pas vouloir parler le français, langue des «papiche» ni l’arabe, celle des «chioukha», les professeurs s’entend.
Mais le pire est que les jeunes ont perdu jusqu’au sens de la réflexion. Les causeries sont faites d’un enchaînement de phrases sans queue ni tête, coupant court au débat et leur évitant d’exprimer une idée précise. N’ayant jamais tenu un livre entre les mains, il serait totalement absurde d’attendre d’eux de s’imprégner de la philosophie des lumières ou même celle des grands penseurs de la civilisation arabo-musulmane.
Comme l’exemple d’un étudiant en troisième année universitaire, soit un licencié potentiel, qui, à une question portant sur l’apport et l’originalité de la civilisation grecque, répond : «Les originalités de la cevelesation grecque (remarquez que la question était écrite !) : les grecques sont horigine berbère sont des juifs sont venu après les phénicienons qui ont des syrien et des gordaniens et surtau des libans…» Une partie importante de nos étudiants sait à (grand) peine lire et écrire correctement et, partant de là, à développer une réflexion soutenue.
Dans un article publié sur un site internet en langue arabe, intitulé « Sarkozy à Mustafa Abdul Jalil: l'Algérie dans un an, l'Iran dans trois », des sources françaises, citées par Nidal Hamadé sur une conversation qui a eu lieu enter le président français Nicolas Sarkozy et le Président du Conseil de transition de la Libye Mustafa Abdul Jalil, et ce à l'occasion de la visite de ce dernier en France, Sarkozy a affirmé à son hôte, qui se plaignait de l’Algérie : « patientez et vous verrez ce qui va se passer en Algérie dans un an et l'Iran dans trois ans ».
Il n’est pas normal qu’on mobilise en 48 heures des milliers de jeunes algériens pour aller à Oum Dourmane au Soudan pour défendre notre équipe nationale de foot et qu’on fasse le dos rond devant les provocations autrement plus dangereuses pour l’indépendance et la sécurité du pays ! Jamais l’Algérie n’a été aussi menacée dans son intégrité morale et physique.
Le problème de l’Algérie ressemble à celui qui a tous les atouts, qui joue à la belote et qui est toujours dedans. Tant qu’on n’a pas fait un bilan de notre réalité et qu’on ne s’arrête pas de nous voir plus grand que nous sommes, on ne sortira pas de la crise. Il faut mettre les choses à plat et dire que nous sommes un pays inculte, un pays où il n’y a pas d’intelligentsia, où il n’y a plus de libraires, où les gens ne lisent plus, ne pensent plus, ne discutent plus… Il faut rompre avec ce complexe de supériorité pour pouvoir avancer. Sans faux alarmisme, il est grand temps le peuple se réveille et de reprendre en main sa destinée dans la l’union et la dignité. Ce jour-là, les Sarkozy et BHL se feront tous petits…
Comment avec ce sentiment de supériorité, complètement incroyable par rapport à un pays aussi décadent comme l’Algérie et qui se croit toujours au-dessus des autres, peut-on voir ce qui se réalise ? Pour une large part, ce comportement est lié à cet état d’esprit lié à la mythologie d’Octobre 1988 ! Nous ne faisons que cela : la mythologie 1954, la mythologie 1962, la mythologie 1965, la mythologie 1982, la mythologie 2009… Comme si notre histoire était derrière nous ! Le monde bouge : Le Yémen, qui n’est pas un pays attardé, a connu un certain processus démocratique. Les révolutions qui se réalisent dans d’autres pays doivent amener les Algériens à se poser des questions sur les positions de frilosité et de honte qu’ils ont adoptées.
Cette fierté liée au fait que nous n’avons pas d’histoire et que cette sorte de virilité (redjla, nif) nous sert d’identité nationale. Face à un peuple qui n’a pas construit son histoire et qui n’a pas élucidé tout son passé depuis les origines et jusqu’à aujourd’hui, il y a un fantasme collectif qui fait l’Algérien et qui fait l’Algérie. «L’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, le plus beau, le plus vaste….» Oui et alors ? Un pays en crise où la démocratie n’existe pas, le chômage, pas de projet, pas d’avenir…il n’y a aucun motif de fierté.
Contrairement à ce que les algériens pensent, les émeutes d’Octobre 1988 n’étaient pas «une révolution démocratique», mais une jacquerie, canalisée par les islamistes. Nous n’avons pas suivi de processus démocratique avec la démocratie comme exigence tel que cela existe actuellement en Tunisie. En 1988, la démocratie nous est tombée sur la tête alors que personne ne l’avait demandée. Cette «démocratie» a été jetée en pâture à une foule qui n’en voulait pas. Actuellement, le peuple tunisien dit : «Je veux un processus démocratique», «Je veux une Assemblée constituante»… Nous avons vu que les choses n’étaient pas préparées, planifiées ou pensées. Octobre 1988 a engendré le FIS et les islamistes…
Une société algérienne frileuse, convalescente, qui sort d’une décennie noire et qui ne veut pas s’engager dans d’autres processus d’instabilité comme c’est le cas de la Syrie ou de l’Egypte. Mais tant qu’on aura cette rentre pétrolière, cet Etat qui est en mesure de corrompre d’une manière collective et achète le silence de tout un peuple !
L’élite algérienne, qui est sensé être la locomotive de la société, est effacée. La société algérienne a été déstabilisée, démantibulée par la présence coloniale, puis par plus de dix ans de guerre interne qui a disloqué la société civile et décimé l’intelligentsia. Il est difficile de parler d’élites aujourd’hui malgré l’existence de voix éparses et isolées qui s’expriment ça et là. On ne peut pas parler d’élite comme celle qui existe en Tunisie ou en Egypte, où la charpente de la société est plus solide sur les plans culturel, social et économique.
Les journalistes, les intellectuels et les algériens doivent suivre de près ce qui se passe dans ces pays. En Tunisie, il existe des débats, des manifestations revendiquant la laïcité, une capacité d’imagination et de revendication de la société tunisienne qui a réussi, petit à petit, à créer un véritable espace de débat public et politique. Il y a des avancées comme la loi sur la parité est exceptionnelle. Les Algériens sont, eux, toujours en retard.
Beaucoup d’algériens n’arrivent plus à établir une phrase structurée, en arabe comme en français à cause de l’école et de tout le système éducatif. Cependant, la non-maîtrise aujourd’hui avérée des langues (où on a vu des traducteurs supposés maîtriser trois langues n’en maîtriser absolument aucune) révèle un aspect important de la déliquescence du système éducatif algérien sous-encadré et permissif, qui privilégie l’ordre public au savoir.
La politique linguistique d’arabisation qui fut un désastre linguistique et culturel avec autant de férocité, qu’elle a complexé tous les locuteurs et brisé tous les ressorts sociétaux de maîtrise de la langue française – outil indispensable pour le lien avec la rationalité et le savoir moderne.
La mise en place une réforme trop ambitieuse mettant en avant des matières comme la géographie, l’histoire, la musique au détriment de l’écriture ? Aux caciques du FLN qui, par une doctrine arabo-baâathiste importée, ont mis en place un processus d’arabisation incohérent ? A ces enseignants qui, dans certains cas, ne maîtrisent pas eux-mêmes parfaitement la langue qu’ils sont censés transmettre ? Au ministère de la Culture, qui n’a rien fait pour rendre le livre accessible afin de pallier les insuffisances de l’école ?
A ces pseudo-intellectuels qui ont érigé des barricades entre arabophones et francophones, favorisant un débat passionné et stérile ? A l’ENTV qui apparaît, aux yeux des Algériens, comme une télévision destinée à des extraterrestres, leur parlant un langage qu’ils ne comprennent pas ? Au nom d’un principe faussement nationaliste, soutenu par un amateurisme éclatant dans la gestion de l’école algérienne, l’avenir d’un pays a été mis en danger…
Pour couronner le tout, cette politique n’a pas permis une meilleure maîtrise de la langue arabe scolaire, loin s’en faut, mais à inculquer et diffuser de manière cellulaire le conservatisme religieux et l’irrationalisme dans toutes ses formes et précipita la fermeture de tout accès à ces enseignements dont la mentalité algérienne avait besoin et replongea celle-ci dans la tradition archaïque et le fatalisme.
La dépréciation du savoir et de la compétence induite par la transformation des universités fabrique de faux diplômes, voués à soutenir les élites au pouvoir, à déprécier aussi la compétence dans la société et dans le marché de l’emploi dominé par l’allégeance, la rente, l’enrichissement le plus rapide et par tous les moyens.
On est derniers en matière de savoir théologique et scientifique. On ne maîtrise pas la langue arabe classique et on ne maîtrise pas non plus les langues étrangères pour se tirer d’affaire dans le domaine du savoir scientifique rationnel. On refuse d’entendre ce qui se passe ailleurs (surdité) et on refuse de parler nous-mêmes (mutité).
Les classes supérieures, du fait de leurs moyens importants et de la proximité qu’elles ont avec les élites au pouvoir, voyagent dans le monde et voient ce qui s’y passe sont les premiers à mettre leur progéniture dans les écoles étrangères, tout en déclarant aux gens des classes inférieures que le système éducatif algérien est le meilleur de la planète.
Le président Bouteflika lui-même affirmait ne pas comprendre la langue que parle son peuple : «Ce n’est qu’un mauvais mélange, des propos hybrides que l’on comprend à peine. Prenons l’exemple le terme mayixistiche (cela n’existe pas), qui ne peut être compris que par l’Algérien du XXIe siècle.»
La darija est soupçonnée d’être inadéquate pour véhiculer l’imaginaire religieux encore pertinent dans la culture, y compris par les Algériens eux-mêmes. «Le refus des autorités officielles de reconnaître la darija, est soutenu par la majorité de la population, comme un déni de soi en rapport avec le complexe d’infériorité assigné à la langue parlée, complexe compensé par la survalorisation de la langue écrite, respectée pour le patrimoine qu’elle renferme. Le fait est que cette langue que nous parlons et dans laquelle nous pensons est la seule qui unisse les différentes facettes de l’identité algérienne.
Comment expliquer que la maîtrise de la langue, arabe ou française, baisse à mesure que le taux de réussite au baccalauréat augmente ? Les premiers à constater les dégâts sont les professeurs d’université, victimes d’affreuses migraines à chaque correction de copies.
Ou encore cette doléance écrite d’un étudiant de 2e année : «Veuilli me courige la note du module, que j’ai 10. Mercis.» «Comment peut-on comparer un étudiant d’avant la ‘réforme’ qui maîtrisait relativement bien les langues tant l’arabe que le français, avec un étudiant actuel qui a toutes les difficultés à construire une phrase simple et cohérente surtout dans la langue de Molière. En réalité, l’école algérienne s’est tellement détériorée qu’elle produit, aujourd’hui, des étudiants universitaires, dont une part appréciable n’a même pas le niveau du primaire !», l’étudiant est au stade de l’enfant incapable de produire une phrase complète : sujet, verbe, complément.
L’ancien ambassadeur américain, en visite au vice-rectorat de la coopération de l’université d’Alger, a éprouvé des difficultés de trouver quelqu’un pour lui parler correctement en arabe scolaire ou en anglais, alors que lui parlait un peu l’arabe algérien. Si des universitaires n’arrivent pas à écrire correctement, ce qui est le moins qu’on puisse exiger d’eux, que dire de ceux qui s’arrêtent en milieu de parcours ? Il faut admettre que la langue vernaculaire prend une place importante dans le parler local.
Les Algériens puisent dans la langue arabe ou française les mots qui leur plaisent, puis les triturent, les maltraitent, les torpillent, jusqu’à en faire de nouveaux termes, qui ne peuvent être compris par quelqu’un ne vivant pas sur la planète Algérie.
Il suffit de voir les artisans de la révolution tunisienne, jeunes et vieux, parler avec éloquence à la télévision en parvenant à développer une réflexion soutenue, sans renier leur accent et leur dialecte. C’est là qu’on se rend compte du naufrage de l’école algérienne : Ne pas vouloir parler le français, langue des «papiche» ni l’arabe, celle des «chioukha», les professeurs s’entend.
Mais le pire est que les jeunes ont perdu jusqu’au sens de la réflexion. Les causeries sont faites d’un enchaînement de phrases sans queue ni tête, coupant court au débat et leur évitant d’exprimer une idée précise. N’ayant jamais tenu un livre entre les mains, il serait totalement absurde d’attendre d’eux de s’imprégner de la philosophie des lumières ou même celle des grands penseurs de la civilisation arabo-musulmane.
Comme l’exemple d’un étudiant en troisième année universitaire, soit un licencié potentiel, qui, à une question portant sur l’apport et l’originalité de la civilisation grecque, répond : «Les originalités de la cevelesation grecque (remarquez que la question était écrite !) : les grecques sont horigine berbère sont des juifs sont venu après les phénicienons qui ont des syrien et des gordaniens et surtau des libans…» Une partie importante de nos étudiants sait à (grand) peine lire et écrire correctement et, partant de là, à développer une réflexion soutenue.
Dans un article publié sur un site internet en langue arabe, intitulé « Sarkozy à Mustafa Abdul Jalil: l'Algérie dans un an, l'Iran dans trois », des sources françaises, citées par Nidal Hamadé sur une conversation qui a eu lieu enter le président français Nicolas Sarkozy et le Président du Conseil de transition de la Libye Mustafa Abdul Jalil, et ce à l'occasion de la visite de ce dernier en France, Sarkozy a affirmé à son hôte, qui se plaignait de l’Algérie : « patientez et vous verrez ce qui va se passer en Algérie dans un an et l'Iran dans trois ans ».
Il n’est pas normal qu’on mobilise en 48 heures des milliers de jeunes algériens pour aller à Oum Dourmane au Soudan pour défendre notre équipe nationale de foot et qu’on fasse le dos rond devant les provocations autrement plus dangereuses pour l’indépendance et la sécurité du pays ! Jamais l’Algérie n’a été aussi menacée dans son intégrité morale et physique.
Le problème de l’Algérie ressemble à celui qui a tous les atouts, qui joue à la belote et qui est toujours dedans. Tant qu’on n’a pas fait un bilan de notre réalité et qu’on ne s’arrête pas de nous voir plus grand que nous sommes, on ne sortira pas de la crise. Il faut mettre les choses à plat et dire que nous sommes un pays inculte, un pays où il n’y a pas d’intelligentsia, où il n’y a plus de libraires, où les gens ne lisent plus, ne pensent plus, ne discutent plus… Il faut rompre avec ce complexe de supériorité pour pouvoir avancer. Sans faux alarmisme, il est grand temps le peuple se réveille et de reprendre en main sa destinée dans la l’union et la dignité. Ce jour-là, les Sarkozy et BHL se feront tous petits…
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